C’est devant une salle comble et un public rajeuni par la présence de nombreux collégiens que l’on a pu assister vendredi 18 avril à une représentation du spectacle Ulysse nuit gravement à la santé interprété par Marien Tillet et Mathias Castagné. Les conversations vont bon train avant que le spectacle ne commence. Sur scène, le décor est simple, un micro à pied, une lanterne, des éléments sonores et trois instruments : un violon, une guitare sèche et une guitare à caisse carrée que mes maigres compétences musicologiques ne permettraient de mieux vous décrire.
Nous découvrons donc Ulysse, roi d’Ithaque, revenu victorieux du siège de Troie, principal artisan de la victoire des Achéens sur les Troyens, naviguant sur les flots avec ses compagnons en direction de leur île. Mais les aventures s’enchaînent et retardent la réunion de Pénélope et de son époux. Nous voici face à un Ulysse présomptueux « première erreur » et mettant en danger la vie de ses compagnons « deuxième erreur ». Aventure après aventure, l’image du stratège habile et maître de lui-même s’effrite alors que s’égrènent les notes de mélodies homériques. Des chuchotis et gloussements plus ou moins discrets emplissent la salle à la mention des galipettes et autres virées nocturnes, ou diurnes d’ailleurs de notre héros. Transportés par la musique et les mots, nous naviguons donc avec Ulysse et ses compagnons sur la mer Égée, tremblons devant le Cyclope, Charybde et Scylla (pas besoin de réviser ses classiques, les explications sont fournies).
Nous suivons aussi ce qui se passe à Ithaque, observant autour de la reine Pénélope la ronde « des prétendants prétendant la prétendre. ». Les îles succèdent aux îles, les minutes aux minutes et ainsi passent les années. Au fil de l’eau. Et Pénélope attend, elle attend, elle attend … Jusqu’à quand ?
Au terme d’un voyage accompagné d’une composition musicale orchestrée de main de maître, nous finissons par jeter l’ancre et mettre pied à terre. Sur Ithaque ou au théâtre La Paillette ? Nous ne savons plus. Et peu importe d’ailleurs, l’essentiel étant d’avoir pu vivre cette expérience.
C’est sur une dernière partition que s’achève la représentation. Les mots et la musique. La musique et les mots. Un équilibre à trouver qui fut trouvé. Une alchimie qui s’est mise en place, transportant son public. Quand la dernière note tombe, des applaudissements nourris saluent la performance des deux artistes qui ne manquent pas de remercier tous ceux qui ont participé à l’élaboration de leur projet.
Pour ma part, je suis l’un des derniers à cesser d’applaudir. J’ai déjà envie de revenir.