Sergio Grondin jouait trois représentations du spectacle : les chiens de Bucarest auquel j’ai pu assister. Mon avis à la sortie est mitigé presque schizophrène. C’est le spectacle du festival Mythos qui m’aura le plus touché je pense. Je vous livre là une appréciation très personnelle et subjective de cette création.
Nous voici plongé dans la ville de Bucarest la découvrant par le regard d’un homme perdu et d’un chien né à Bucarest. Deux points de vue différents sur cette ville chargée d’histoire, deux histoires différentes qui pourtant vont se rejoindre. Ces deux personnages n’ont rien en commun mis à part le fait d’être dans la même ville presque au même endroit : l’homme dans sa chambre d’hôtel et le chien à sa fenêtre. Et, Sergio Grondin qui joue seul sur scène parvient à jouer ces deux rôles diamétralement opposés avec brio, à leur donner à chacun vie. Et, la mise en scène par le jeu des lumières, du son nous plonge dans l’ambiance de ce Bucarest bétonnée.
L’homme, en séjour à Bucarest, m’a insupporté tout le long du spectacle. On a au début pitié pour lui : c’est un homme brisé dont la femme vient de le quitter et qui se repent d’avoir écrasé son chien par mégarde. Il erre dans cette ville qu’il ne comprend pas. Pourtant, au fur et à mesure qu’il raconte son histoire, je ne peux m’empêcher de mépriser cet homme. Peut-être est-ce là mes convictions féministes qui refont surface mais il ne m’inspire que dégoût par la façon dont il traite les femmes et notamment la réceptionniste « Nathalie », point central qui réunit les deux protagonistes.
Au contraire, le chien, le dernier chien de Bucarest m’a tout de suite séduit. On se prend d’affection pour lui et on a envie de l’adopter, même moi qui n’aime pourtant pas particulièrement les chiens. Par son histoire, on comprend l’histoire de Bucarest, de la Roumanie et du communisme. Il nous explique comment le communisme a bouleversé la vie des habitants de Bucarest et celle de ses chiens, abandonnés, exclus, bannis de la ville, pourchassés. Ils deviennent alors une meute de chiens redevenus sauvages et qui effraient les hommes. Ceux-ci veulent alors les exterminer pour purger Bucarest de ces chiens qui n’apportent que la maladie. Mais, ce chien est plein d’humanité, son seul souhait est de redevenir ami avec la petite fille (Nathalie) qui l’avait sauvé et accueilli alors qu’il n’avait qu’un mois.
On se demande alors qui des deux personnages est la bête.