
« Une vie politique », voilà un titre alléchant pour l’étudiante de Sciences Po que je suis. Le casting l’est encore plus : Noël Mamère, un des précurseurs de l’écologie politique en France, le disparu de la scène politique ainsi que Nicolas Bonneau, conteur. On l’aura eu dans tous ses états : Noël Mamère comédien, politique, philosophe, ému au larme, riant, se confessant, tentant des jeux à boire…
Durant une heure, on oscille entre spectacle et discussion. Un format très original, intégrant plus ou moins les spectateurs, qui sont appelés de temps à autres à poser des questions à l’ancien journaliste-homme politique, des « questions qui grattent » de préférence. Noël Mamère se dénude, avoue tout. Au jeu du « je n’ai jamais » (une personne pose en affirmation une chose qu’elle n’a jamais faite, les autres joueurs devant boire si eux l’ont faite), Mamère confesse avoir déjà été opportuniste (lorsqu’il s’est présenté sur la liste aux européennes de Bernard Tapie) tout comme avoir déjà désiré la femme de son meilleur ami. Dans un jeu de rôle, il explique à Nicolas Bonneau incarnant un manifestant pour le climat sa vision des « Gilets Jaunes ». Dans un action/vérité dont les questions émanent du public, il se mettra à pleurer suite à la question « Faire de la politique, c’est plus pour vous ou plus pour les autres ? ».
Un spectacle plein d’émotion donc, ponctué par beaucoup de rires et d’instant de réflexion sur l’actualité politique. La simplicité de cet homme, dont le combat politique aura duré une vie, surprend. À plusieurs reprises, il affirme être sur les planches pour apprendre encore et encore, éviter de tomber dans ce qu’il considère comme l’inaction (communément appelé retraite). Il veut voir ce spectacle comme une sorte de transition.
Pourquoi introduire de la politique, et surtout un homme politique, dans ce qui est censé être un festival d’art ? « Parce que la politique, c’est aussi l’art de la parole » nous affirme Nicolas Bonneau. L’art qui appelle l’imaginaire est ici en grande partie délaissé, on n’utilise que l’art axé sur la forme, le beau. Le fond est loin d’être artistique, il est bel et bien ancré dans la réalité. Bien que celle-ci soit souvent terrible et décevante pour le mouvement écolo, Noël Mamère est venu porter un message d’espoir. Finalement, se donner en spectacle de cette manière pourrait être analysé comme une nouvelle forme de communication politique. À aucun moment, Mamère ne semble faire de la propagande et pourtant… L’histoire de sa vie, ou du moins de la façon dont elle est relatée ne peux que susciter sympathie pour le personnage et son engagement. Entre ce qu’il prétend et la réalité, quelle était la réelle ambition de Mamère en se lançant dans cette aventure qu’est le spectacle ? Un format très intéressant et malgré ce petit doute, ce spectacle reste extrêmement plaisant.
Madeleine de Bressy / © Philippe Remond