Cette question résume Un. Un est un spectacle. Un est une aventure. Un est un miroir. Un est Mani Souleymanlou.
Une interrogation identitaire, étrangère, et pourtant familière. Une quête de soi. Un retour aux sources. Un voyage en Iran. Une réflexion une et multiple. Une approche singulière qui interpelle le spectateur et l’appelle à se positionner. Un thème ambitieux, transversal, traitant à la fois de l’Iran, de l’immigration, du travail sur soi et du sentiment d’appartenance.
Un sujet trop grand pour un seul homme ? Les avis divergent. Un thème trop difficile, un numéro d’équilibriste impossible à réaliser. On attendait beaucoup de Mani Souleymanlou, son approche étonne mais déçoit quelque part. Un regard qui se veut englobant, trop large, une mission impossible. Un désir de tout expliquer, de tout décrire incompatible avec le format choisi. Cependant, la prestation peut sembler refléter l’état d’esprit de l’artiste, son conflit intérieur quant à son jugement de l’Iran. Cette cohérence se retrouve dans l’exemple de la cuisine de son pays, seul pan de la culture iranienne que l’artiste admet connaître véritablement. Le sourire aux lèvres, il énumère des noms de plats typiques en glissant subtilement de satiriques critiques envers le régime.
La mise en scène interpelle le spectateur dès son arrivée. Sur scène, une trentaine de chaises attendent. Où s’asseoir? La scène inversée pose d’emblée question. Un symbole de soumission? Une thérapie de groupe en préparation? Les deux, et même plus. Plus, plus, plus, toujours plus. L’impression de trop plein s’impose. La scène surchargée est habitée, trop habitée, on étouffe. Pour d’autres, Mani Souleymanlou parvient à l’occuper comme il se doit, accompagné par une lumière qui le suit comme son ombre. Il illumine les planches.
Le rythme soutenu tient le spectateur en haleine. Il ne faut pas que la parole s’échappe, que la piste s’envole. Les mots virevoltent tellement qu’ils sèment l’auditeur attentif. L’équilibriste poursuit son parcours mais le spectateur perd le fil. Certains suivent l’histoire, d’autres se résignent, décrochent le temps d’une scène.
La parole c’est aussi la langue. Ce petit bout de chair rose qui produit tant de sons. Mani Souleymanlou la manie à la perfection : le persan, le français, le québécois, l’anglais se mêlent pour former un message universel. Une unité, un semblant d’identité se dessine. L’émotion émerge au fur et à mesure que l’ambiance s’électrifie, que le courant s’établit entre le conteur et son public. Les interrogations tournent et retournent l’esprit du spectateur. Nous sortons enrichis mais la tête pleine de questions.
Et toi, spectateur de Mythos, Az koja miyai? D’où viens-tu?
NB : les commentaires sont les bienvenus!