« Un groupe qui gagne à être connu. » C’est ce que proclame une affiche, au pied du 4bis, à propos de Calico. Guère engageant, à vrai dire. L’endroit lui-même est peu commun, pour un festival du mot dans tous ses états. C’est la première fois que Mythos fait le pari d’une coopération avec le CRIJ. Devant la façade vitrée, une petite cinquantaine de personnes, la majorité ont des invitations qui leur ont été offertes par leur CE. Mouais. J’ai comme l’impression d’avoir mal choisi mon spectacle. Tant pis. On entre.
Calico ne fait pas particulièrement partie des têtes d’affiches. Trois frères, deux autres amis. Ils n’ont pas grand-chose des grands professionnels de la chanson. Entre deux chansons, un ingénieur du son doit intervenir parce qu’une guitare est mal branchée. Ils s’emmêlent entre les chansons, demandent au public s’ils ont bien réussi à meubler tandis que le guitariste réaccorde son instrument. Mais… « On s’en fout, on est entre nous ! »
Alors on se laisse tenter, on se laisse séduire par ce groupe qui se détache, inondé de lumière, du fond noir de la salle. Ils jouent simplement, se démènent sur scène, jouant parfois avec force, avec violence, parfois sur une note plus légère, presque fraîche. Leurs chansons sont humaines, presque intimistes. Les mots domptent la musique, la font brusquement éclater, ou s’adoucir, les paroles épousent les notes, ou luttent pour survivre face au déchainement des instruments. Leur musique est toute en rupture, leurs chansons sont humaines, presque intimistes. Ils chantent la vie, les différentes postures des individus. Parfois, les paroles sont engagées, ils expriment leur peur des mouvements réactionnaires face au mariage pour tous, au moment de chanter Deux anglaises. Et, face à eux, le public se laisse tenter, se laisse emporter par leur rythme endiablé et leur délicatesse, par leur humanité. On bat la mesure, on applaudit chaque chanson avec enthousiasme. Et, au final, on ne regrette pas d’être venu.