Dans une mise en scène volontairement minimaliste, Élodie Emery se présente seule sur scène, dans un dispositif qui rappelle la conférence ou le compte-rendu de presse. Elle s’adresse au public avec clarté et précision, exposant le résultat d’une longue enquête sur le bouddhisme – objet central de son propos – mais également sur des pratiques alternatives de bien-être et de développement personnel.
Le ton, dès les premières minutes, oscille habilement entre sérieux et légèreté. L’humour, jamais gratuit, est subtil, parfois visuel grâce à l’écran projeté derrière elle qui vient ponctuer ou souligner ses propos. Ce décalage maîtrisé permet d’aborder des sujets complexes sans jamais tomber dans le moralisme ni la lourdeur.
Car le fond est dense, parfois dérangeant : violences psychologiques, sectes, inceste, abus sexuels – le spectacle n’épargne rien des dérives que l’on retrouve aussi dans le bouddhisme, souvent perçu en Occident comme une philosophie paisible, plus spirituelle que religieuse. Élodie Emery vient précisément bousculer cette vision idéalisée, en montrant que cette tradition n’échappe pas aux dérives de pouvoir, aux manipulations, ni aux violences systémiques que l’on associe généralement aux grandes religions monothéistes.
Ce spectacle, à la croisée du théâtre documentaire et du témoignage, agit comme un révélateur. Il ouvre les yeux sans chercher à provoquer gratuitement, mais avec une rigueur et une humanité précieuses. Un moment fort, nécessaire, qui pousse à réfléchir sur notre rapport à la foi, à la quête de sens, et aux figures d’autorité spirituelle.
✍️ Par Lou Presti
Photos © Élodie Le Gall