Il arrive casqué, dans une atmosphère étoilée créée par ses acolytes qui utilisent habilement les boules à facettes présentes dans la salle. Sans un mot, il s’installe à son piano et commence à jouer. Vous vous sentez déjà plongé dans un autre monde, une atmosphère qui surélève un peu du sol. Mais vous retombez assez vite. Monsieur le Cosmonaute décide d’enchaîner son deuxième morceau sans saluer son public qui se masse dans le chapiteau du Magic Mirror. Cascadeur sur la Lune, il continue son bonhomme de chemin et qui peut voler me suive.
Le personnage au visage masqué comme ses musiciens décroche un petit bonjour timide aux spectateurs pour presque aussitôt retourner dans son univers onirique. Grâce à des jeux de lumière impressionnants, nous sommes plongés dans son univers électronique très sombre et léger à la fois. Sa voix s’élève, vous sentez alors toute la douceur de l’homme et sa volonté de transmettre un message venu de loin. Vous évoluez dans un univers très pur, très fin nimbé d’une ambiance bleutée.
SOS d’un terrien en détresse
Le problème avec les voyages spatiaux, c’est qu’ils nécessitent beaucoup de préparation et qu’il faut être accompagné pour être capable de s’arracher à la pesanteur. Or, notre pilote, notre extraterrestre musical semble avoir peur des autres. Il s’enferme dans sa musique, dans son casque pour communiquer. Il a sans doute oublié que la Lune, là d’où il vient, n’est pas si proche et qu’il faut aider, porter la masse de voyageurs pour réussir à les faire s’envoler. Il choisit de rester distant, offrant un univers des plus agréables, aérospatial mais où l’on a du mal à respirer sans un petit coup de pouce. Le public tendu vers lui attend qu’il vienne le soutenir mais trop absorbé par ses accords, le Cosmonaute l’oublie et le laisse redescendre pour retrouver le plancher du Cabaret Botanique.
Certains curieux ou connaisseurs s’accrochent, il faut en savoir plus sur cet alien musical, il faut s’intégrer dans son univers pour le comprendre, cet homme venu de l’espace. Malgré la distance, la différence, certains se plongent dans un bain de musique électronique sous les étoiles, bercés par les cris d’un chanteur que l’on sent différent.
La face cachée de la Lune
Cette altérité, il la clame au travers de ses chansons et essaye de se faire comprendre. Quoi de plus normal pour un homme débarquant directement de la Lune de parler anglais mais surtout d’avoir une personnalité écorchée ? Le peu que vous percevez du personnage est émouvant, il se met à nu et expose au travers de ses mots ses doutes, ses douleurs, les cratères béants qui sillonnent sa vie.
Aura-t-il réussi à projeter sur Mythos un rayon de lumière lunaire ? Nous avons pu l’entrevoir à certains moments mais lorsque l’artiste déclare qu’étant au festival des mots, le sien sera le silence, vous comprenez tout de suite la distance qui vous sépare. Il s’agit de faire preuve de compassion, d’être compréhensif : de la Lune, le son ne porte pas forcément jusqu’à la Terre, vous ressortez donc un peu désappointé du concert. Vous étiez venus pour un voyage spatial, une aventure dans laquelle un Cosmonaute nous aurait transportés par-delà les étoiles mais ce soir les spectateurs n’ont pu avoir le droit qu’à une triste éclipse lunaire.