Le voyage vers Itaque commence.
L’épopée d’Ulysse est admirablement revisitée dans ce conte. C’est une heure trente d’épopée dans laquelle on se lance, bercés par la voix grave de M.Tillet. Le texte est écrit comme l’Odyssée elle-même ; un rythme soutenu et proche de la scansion, des allitérations magistrales, des épithètes homériques, des leitmotivs qui se répètent et ponctuent le récit.
Le rap, le slam, une guitare pincée, un violon, et une lampe sont les principaux moyens qu’ont les deux hommes pour raconter ce voyage. Je soulignerai encore, cette maîtrise d’un art rare : le silence. En effet, les silences sont utilisés à bon escient, et lourds de sens, ils sont partie intégrante de l’histoire et de la beauté de ce langage.
Qui dans ma maison ose montrer son visage ?
Le point de vue est audacieux, la majeure partie du récit relate le retour à Itaque, du point de vue des compagnons d’Ulysse qui sont dubitatifs de ses actions. Ulysse est alors un vilain curieux, voulant vérifier si les mythes qu’il a connu enfants sont vrais, et n’hésite pas à mettre en danger ses compagnons pour y arriver : avant de devenir lui-même un mythe. Récit enchâssé si proche de l’Odyssée.
Ce conte repose sur un excellent dosage de l’humour, de la parole, du chant, de la tension, de la sensualité, du respect de l’oeuvre, de la musique. C’est une bulle, un moment privilégié à passer, parmi les compagnons de ce périple : imaginez le Magic Mirror complètement hypnotisé.
La semaine n’est pas terminée, mais je pense que « Ulysse nuit gravement à la santé » à largement sa place parmi mes coups de cœur de cette édition de Mythos. Précipitez vous sur les dernières places, s’il en reste !