Elle est là, sur scène, face à un public varié, allant d’ados à des personnes plus âgées, la cinquantaine. Cheveux blonds, une mine angélique, une charmante robe, enfantine rouge à pois blancs. A ses oreilles, des boucles d’oreilles cerise. Dans sa chevelure, un tampon. Elle plaque quelques accords sur sa guitare, chantonne d’une voix douce : «Vive la fellation, vive la sodomie». Certains sont d’abord choqués, d’entendre de telles atrocités, prononcées à la légère, de sa petite voix acidulée. Puis se joignent à la masse, et rient à leur tour, séduis par cette chanteuse décalée, par ces chansons merveilleusement horribles. Il y a des handicapés dans la salle ? Aucun problème, c’est là une de ses cibles favorites, elle parle sans rougir de prostituées amputées, aveugles, sourd-muettes. Nul n’est épargné, humaine, elle adresse un message aux gens dépressifs pour les aider… à en finir avec la vie ! Certains la découvrent, d’autres la connaissent depuis longtemps : au premier rang, les fans les plus fidèles répètent ses chansons, poussent des cris pour l’acclamer. Une jeune lycéenne, elle, se dit agréablement surprise, elle ne s’attendait pas à autant de provocation, mais est immédiatement séduite par le personnage. GiedRé interpelle les spectateurs, fraîche, pétillante. Pour elle, « Les Rennais ne sont pas très beaux, mais ils sont quand même gentils ». Elle transmet sa fraîcheur, échange avec ses spectateurs, et parvient à les unir tous, qu’ils soient jeunes ou pas, qu’ils la connaissent depuis longtemps ou la découvrent tout juste. Finalement, tous lèvent leur main, et dessinent en repliant leurs doigts un petit anus, qui se balance au gré de mélodies enfantines…
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GiedRé – Il y a des handicapés dans la salle ?
