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Mythos 2013 Texte

Les Grandes Bouches « Il est temps de chanter »

Ils étaient prévus trois, ils arrivent à quatre, montent pieds nus sur scène. La scène en question est encombrée d’instruments divers, des guitares,  un ukulele, une batterie, un carillon, des clochettes, un accordéon… Mais leur principal instrument, ce sont ces trois voix qui se mêlent, qui sifflent, grincent, résonnent, retentissent… Oui, ils méritent bien leur nom : « les Grandes Bouches ».

On est un peu déstabilisé, au début, surpris par ces chants qui n’en sont pas, par ces bruitages qui, étrangement, sont mélodieux, et se mêlent pour faire une musique. Ils le savent bien, se mettent à la place du spectateur : « On se dit : c’est quoi ces extraterrestres, mais non, en fait, c’est juste des voix qui se mélangent, se frottent ! » Et puis, ils se saisissent de leurs instruments, et finalement, on se laisse emporter par leur voix, par leur musique. Ils s’échangent leurs places, leurs instruments, naviguent entre les câbles, s’envoient des regards complices.

Leur spectacle est semblable à cette salle de la péniche spectacle : chaleureux, accueillant, convivial, agréable… Hors du commun, aussi. Ils échangent avec le public, le font chanter avec eux, plaisantent avec lui… Ils abolissent les frontières entre la scène et la salle, le spectacle appartient à tous. On applaudit, on rit aux éclats, on bat la mesure… On suit leur devise, au final : « Il faut partager plus… pour partager plus. » Ils tentent un numéro de funambulisme – après tout, on est entre nous – improvisent sur des chansons de Léo Ferré pour les vingt ans de sa mort.

Ils sont engagés, aussi, et transmettent cet engagement dans leur chanson. Pour eux, il n’y a rien de plus dangereux qu’une personne qui vous dit : « actuellement la situation est sous contrôle ». Ils ont joué en Equateur, en Palestine, en Bretagne même, et toujours, ils ont remarqué une chose : « le chant rassemble, les mots séparent. » « Mes amis, je pense qu’il est temps de chanter. »