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Mythos 2013 Texte

Lieux d’aisances

Mythos, c’est aussi un troupeau de mammifères, qui mangent, qui boivent. Et qui, forcément, ont des besoins peu élégants. Peu importe. Vous n’avez pas à avoir honte. C’est naturel. Et, quoi qu’il en soit, l’équipe du festival a vu les choses en grand. Presque aussi grand que les deux majestueux Magic Mirrors. Rustiques, charmantes, finement décorées, ces toilettes sortent du commun, et attirent forcément l’attention.

Ce petit coin, c’est une création de Ronan, et de la compagnie têt’ de l’art. Son ambition ? En faire un lieu d’aisances, de tous les points de vue, et faire tomber les tabous sur la « matière fécale ». Cette matière fécale, il s’y est intéressé relativement tôt, lorsque, pour faire face aux problèmes d’assainissement d’un logement collectif, il a dû convaincre ses amis d’adopter des toilettes sèches, idée importée d’Irlande lors d’un voyage. La suite, c’est lors d’un festival, où cette compagnie s’occupe des décors et du bar. Face au même problème, la même solution. « Quand il n’y a plus de solution, remarque Ronan, la solution, c’est les toilettes sèches. » C’est que ces installations sont particulièrement viables. Il n’y a rien de plus ni de moins que pour les toilettes ordinaires, m’explique-t-il. L’eau est seulement remplacée par les copeaux, qui pompent le liquide, apportent un supplément carboné pour le compostage et absorbent les odeurs. Sur un festival comme Mythos, c’est 20 000 litres d’eau qui sont économisés, et les 4/5 mètres cube de matière obtenue permettent d’obtenir 1,5 mètre cube de terreau. En effet, chaque matin, les restes digérés de repas du Cannibale sont transportés sur le site de compostage de la ville de Rennes pour finalement, pourquoi pas, nourrir les fleurs du Thabor… « Il vaut mieux éviter la route à cette heure là ! » plaisante Ronan. Ces installations se sont au fil des années multipliées dans tous les grands festivals, surtout dans le Grand Ouest, mais s’il reste des personnes déstabilisées par ces toilettes sans chasse d’eau, c’est avec plaisir qu’il va vers elles, pour dépasser ce tabou, sans prosélytisme, souligne-t-il.

Quoi qu’il en soit, ces toilettes originales semblent rencontrer un certain succès : « Je ne reçois que des louanges ! » Les gens s’y plaisent, et la seule peur qu’il reste, c’est que ce lieu d’aisances soit victime de son succès. « On réfléchi à les faire moins attractives, plus odorantes pour que les gens n’y restent pas trop longtemps », plaisante le maître en chef des installations. «L’idée de la lecture, de la musique on été abandonnées, pour pas que cela devienne trop confortable… »