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Mythos 2014

« Lorsque l’enfant est enfant, il ignore qu’il est enfant. »

Les mots. Ceux qui coulent sur les page blanches, ceux qui les noircissent. Les mots. Les mots qui racontent des histoires, qui nous emportent, nous transportent et qui finalement nous laissent là. En ce point où silence et parole se mêlent. En ce point où l’histoire prend forme, telle la pente d’une colline dont nous entreprendrions l’ascension. Une ascension longeant les pans délabrés d’une habitation en ruines où vit un enfant. Un enfant qui ignore qu’il est enfant. Un enfant pris dans un monde d’adultes, un monde empli de souffrance, de mort, de désolation et plus que tout d’incompréhension. Un monde qui s’est retourné contre sa ville, ses gens, et ses murs. Des murs délabrés, ultimes vestiges du temps passé et dont la mémoire s’évanouit en même temps que s’effritent et se lézardent les ruines. Le théâtre d’une autre vie, une vie centrée sur le présent, une vie sans passé car le passé n’est plus, une vie sans avenir car l’on ne l’espère plus. Pourtant, l’enfant grandit. Ici ou là, il grandira. Confronté à un monde qui n’est plus et qui sera peut-être, il cherche. Il cherche Sveta. Sveta. Un mot murmuré, appelé, invoqué en regardant l’aube se lever. Parvenu au sommet de la colline, le temps s’arrête un instant. Un trop court instant. L’enfant a grandi, il s’est aigri. L’enfant a disparu, lui aussi, on l’a oublié.

One Shot.

Une lecture.

Un tir.

Une seule chance pour l’enfant.

Un aperçu d’une histoire, mais aussi d’un spectacle en préparation.

Une prise de vue.

Une vision particulière de la guerre.

Voici les différentes interprétations possibles. Gérard Potier vit le texte qu’il lit, entre lecture et récit, emportant avec lui le public dans les pleins et les déliés du texte. La mise en scène épurée, un tabouret et l’ombre du lecteur projetée au mur pour seuls décors, rendent le récit presque intime. Hypnotisés par le texte, ses rimes, anaphores, et la métaphore filée qui lui est inhérente, les spectateurs ne voient pas le temps passer. Dans le public, beaucoup de professionnels sont venus voir cet aperçu d’un projet de spectacle. Le texte, parfois difficile à suivre, semble eux aussi les fasciner. One Shot est un aperçu prometteur, d’un spectacle que l’on espère voir à Mythos. Attention toutefois à ne pas perdre le fil.