On sentait une pesanteur sous le chapiteau, une humidité chaude comme un soir d’orage. Mes paupières étaient lourdes, mes jambes engourdies. J’attendais sagement de rentrer dans une bulle de douceur, mais ce fut tout l’inverse. Électrique, Malik Djoudi a rompu de son tonnerre la torpeur de la salle entière. Premiers flash lumineux, premières fortes vibrations, la bulle éclate. Une petite dame qui se tient à côté de moi se touche la poitrine, « Ah non les basses ça va pas le faire ». Et les basses finissent par nous emporter ensemble. Véritable maestro intergénérationnel, Djoudi a réussi à faire taper du pied même les couples âgés. Viens On Prend le Temps, « Welcome everybody. We are not so bright. ». Pourtant il rayonne, sur scène, mais à notre hauteur. D’une corporalité folle, à la fois humaine et robotique, le spectacle nous hypnotise. Son regard accroche la salle comme une Joconde mouvante. Sa voix singulière, forte et fragile nous élève, les mélodies douces se transforment en rythmes saccadés et envoûtants. Son amoureuse de 6ème, sa mère, les après-midis Nutella… « On a besoin d’amour » dit-il avant d’entonner Lettre À France, et le public chante en chœur. Pop, rock, electro, techno, on ne sait pas sur quel pied danser mais on ne choisit plus et on danse. À la fin, on sort du chapiteau, vivant comme on l’aime.
✍️ Par Anouck Blier
Photos © Julien Mignot