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Mythos 2013 Texte

Réunion matinale au théâtre de la Parcheminerie

Il est dix heures au théâtre de la Parcheminerie. Après un petit café dans une ambiance détendue, le public s’engouffre dans la salle de spectacle pour assister à la réunion matinale. J’arrive en profane absolue, d’où ma surprise face à l’introduction de ce que je pensais être une réunion à propos de détails pratiques sur le festival.

Un comédien de l’école du TNB monologue un extrait de Questions, de Julian Beck. La série d’interrogations qu’il décline s’adresse à nous, témoins muets, et nous remet en cause : « combien de fois mens-tu par jour ? », « Sais-tu aimer ? ». Le comédien passe en revue les grandes questions  de l’existence et les met en relation avec le théâtre, un monde où l’on peut tuer, mentir, jouir, révéler ses entrailles et imiter la perfection. Un monde qu’il compare aussi à la rue, espace de la vie ordinaire, où se joue également une comédie, celle des rôles sociaux et des apparences humaines.

Après ce « remue- méninges », différents spécialistes (un sociologue, les représentants d’un collectif de festivals, une professeure) interviennent sur le thème de la dimension sociale de l’art, en se demandant dans la continuité de l’introduction, comment le lier à la rue. La notion d’  «utilité sociale » des festivals est explicitée, afin d’évaluer de manière qualitative le rôle de l’art dans la société. On s’interroge par exemple sur la mesure sociale d’un spectacle représenté en prison. « Qu’est-ce qu’on a fait bouger ? » se demande le directeur du festival Le Grand Soufflet.

En effet, le social n’est pas forcément une évidence première pour tous les artistes, contrairement à ce que nous, étudiants de Politique et Société adeptes d’Erik Neveu pourrions penser. L’expérience du décentrement est dès lors centrale pour tous. Il est nécessaire pour les acteurs culturels de se mettre en position d’écoute et d’humilité afin de libérer la parole des « vraies gens », qui conçoit le festival comme une « parenthèse d’exception », c’est-à-dire un exutoire, un moment hors de la réalité mais en pleine vérité où l’on peut « s’habiller comme on veut, boire quand on veut », sans oublier de se poser des questions contre, selon Christophe Moreau, le « prêt-à-penser » du politique.