Marie-Eve Perron est belle et seule sur scène. Seule avec ses mots. Son apparence interroge le spectateur. Pourquoi ses cheveux, ses vêtements et son visage sont-ils recouverts d’une pâte blanchâtre et de farine? Pourquoi sa coiffure est-elle à moitié défaite? Elle incarne Marion, au bord de la crise de nerfs, qui nous raconte sa mésaventure. Alors qu’elle s’investit plus qu’il ne le faudrait dans un cocktail dinatoire pour montrer à sa famille qu’elle en était capable, celle-ci lui offre une séance de relooking avec une émission célèbre de téléréalité.
Chaque spectatrice s’est forcément reconnue dans Marion. Dans les pressions de votre entourage, dans la vision de l’ apparence. Dans le fait de penser à tout à la fois pour ne rien oublier. De trop réfléchir et de faire des raisonnements dignes d’un psychologue. D’éprouver un immense stress pour des détails, pour simplement satisfaire votre mère. De tout planifier pour que tout soit parfait et montrer de quoi vous êtes capable. De prouver que vous pouvez être comme les autres et relever des défis, vous aussi. « Vas-y Marion, t’es capable ».
Marion Fait Maison est un spectacle hilarant qui fait réfléchir sur la société actuelle et sur la case dans laquelle la femme est supposée entrer. Le message est clair : il ne faut pas chercher à rentrer dans ce fameux cadre visant à la standardisation. Pourquoi s’acharner à essayer de faire pousser des légumes quand tous les signes nous disent que ce n’est pas pour nous? Pourquoi faire comme tout le monde, tester ce qui est tendance pour finalement être déçue?
Voici les raisons de l’apparence de Marie-Eve Perron sur scène. Marion a craqué, a cédé à la pression que la société et son entourage lui mettent sur les épaules. Elle a craqué et a cédé violemment à la gourmandise. « Moi, je mange ma bûche ». On la comprend. Pour la première fois, elle est fière de décevoir sa famille car elle ose enfin dire « fuck off » à une société qui la pousse à rentrer dans un moule. Elle fait quelque chose pour elle, s’affirme en tant que femme.
Capable, elle l’est. Ce spectacle léger au premier abord est un message d’espoir. L’espoir qu’une lutte est en marche face à cette société où la seule chose qui semble compter est l’apparence. Marion est capable d’y résister et de faire face à l’hypocrisie et la trahison de ses proches, de son « tscheum » en particulier. On applaudit la performance de Marie-Eve Perron, qui moque plusieurs personnages à la perfection, et qui pointe du doigt un sujet trop peu abordé et pourtant majeur.
Marion Fait Maison est clairement mon coup de cœur du festival jusqu’ici, notamment de par l’identification au personnage et l’humour de Marie-Eve Perron. A ne rater sous aucun prétexte!
