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Mythos 2013 Texte

Une bulle de volupté : Rosemary’s songbook

Ce qui est merveilleux dans ce concert c’est que chacune des chansons possède une identité différente. Deux magnifiques chanteuses et musiciennes unissent leur talents : Dom la Nena, violoncelliste hors pair et Rosemary Standley, l’extraordinaire chanteuse du groupe Moriaty.

Nous sommes sous le grand chapiteau du Magic Mirror au Thabor, dans l’ambiance feutrée et impressionnante de la grande draperie de velours.

Soudain, un son de violoncelle s’élève, bientôt suivie par la voix de Rosemary qui, vêtue d’un capuchon de soie or, rejoint la scène, habillant religieusement de ses lèvres laquées de rouge un silence intrigué. Sa voix a des intonations de mystique tandis qu’elle déambule parmi nous.

Puis, dans la prochaine chanson, elle reprend l’accent chaud et vibrant de la country par lequel, celui qui convient peut être le mieux à sa voix hors-pair.

Dom la Nena l’accompagne de la voix et de l’instrument, faisant de ce concert une construction commune. Le son du violoncelle présente de surprenantes concordances avec la voix de Rosemary. Même profondeur. Même force. Même émotion.

Le spectateur, pendu à leur lèvres, applaudit entre les chansons mais n’attend réellement que la prochaine. Tour à tour, Rosemary devient cantatrice italienne, mère aimante, femme bafouée ou écorchée vive. Elle chante en portugais, anglais, espagnol, latin.

Ces deux déesses vêtues de bleu nous emmènent dans leur univers dont toute la métaphysique semple tenir à la pureté de leur art. Tantôt dans  un silence religieux, tantôt dans l’exaltation, le public est de plus en plus impressionné à chaque nouvelle mélodie. Tant de visages exprimant l’émotion qui se déroule dans l’âme. Certains sont émus ou admiratifs. D’autres subjugués ou ébahis. Mais tous sont sous le charme. La communion de ces deux voix différentes créent petit à petit un univers apaisant et onirique où chacun y trouve son compte pour peu qu’on s’y remette totalement.

Chaque note propulsée dans l’air est un frisson de plus, une limite repoussée, une matière à rêver. On s’installe peu à peu dans le suivi du rythme de ces deux femmes qui ont su nous émerveiller.
A la fin, on les rappellent deux, trois fois.

Deux dernières chansons où chacun semble avaler une goulée d’air.

Puis la fin, les conversations qui recommencent « EX TRA OR DI NAIRE, tu trouves pas ? » et la marche lente vers le Cannibale où les artistes nous ont invités à venir échanger. En sortant, on regarde les autres. Ont a l’impression d’avoir vécu quelque chose d’unique, d’avoir touché du doigt la perfection. On en est pas  loin.