Honnêtement, je me suis dit en me rendant à l’inauguration que j’allais passer un moment ma foi fort sympathique, que le discours allait être adapté à l’esprit du festival naturellement différent chaque année mais que finalement dans les grandes lignes, on retrouverait les mêmes choses. Pourtant, hier soir le vernis habituel semble s’être craquelé. En effet, outre les discours pour le moins classiques mais tout aussi agréables, la cérémonie d’inauguration fut l’occasion d’aborder la question de la place de la culture dans la société actuelle.
De fait, ce prélude lissé précédant l’ambiance festive de Mythos s’est trouvé être le lieu d’annonces politiques. Coïncidence de calendrier, cette cérémonie se trouve être l’occasion du premier discours du nouvel adjoint à la culture de la ville de Rennes, Benoît Careil. Celui-ci dépeint les grandes lignes de sa politique avant de revenir sur la place particulière que tiennent les festivals. Selon sa volonté, les festivals doivent être présents pour affirmer et promouvoir la diversité culturelle qui transite par l’affirmation de chacun. Ils sont également promoteurs de l’importance du comportement écologique et de la vitalité de l’emploi local. Si l’on suit ces critères, on peut considérer Mythos comme remportant haut la main la palme du festival idéal.
Passés les discours traditionnels des responsables départementaux et régionaux, le micro est offert à deux militants du CIP. Le CIP ? Pour les non-initiés derrière ce sigle se cache le Comité des Intermittents et des Précaires. Il régnait déjà à l’extérieur une ambiance particulière avec des tracts, des banderoles et des masques de Laurence Parisot qui déambulaient entre les deux chapiteaux. Je me demandais un peu de quoi il en retournait, Mythos se faisait-il envahir ? La réponse est arrivée lors de la cérémonie d’ouverture. Mythos a décidé d’ouvrir une tribune à ce collectif pour dénoncer l’accord du 22 mars signé entre le patronat et les syndicats CFDT, FO et CFTC qui va réformer le statut d’intermittent du spectacle et notamment remettre en cause sa spécificité. C’est ainsi que le festival qui repose sur le travail de ces mêmes-intermittents a décidé d’ouvrir la parole à la protestation durant tout le temps de festival. Festival qui tient lieu lui-même de symbole de résistance dans le sens où il démontre que le spectacle vivant peut et se doit d’offrir toute cette chaleur humaine, ce bonheur qu’il est capable de transmettre au travers de la culture. Il convient donc de finir sur cette parole de Benoît Careil, nouvellement adjoint à la culture : nous sommes maintenant embarqués dans un Mythos « plein de rires et de larmes, plein de colère et d’amour ».