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Mythos 2011

Lecture


Camille Kerdellant nous fait découvrir les lettres de Grisélidis Réal, prostituée et femme de lettre poétique et engagée. Entretien avec la comédienne qui nous livre sa façon de mettre en scène les mots de cette femme hors du commun.

La musique est omniprésente dans votre spectacle
La musique est une des grandes passions de Grisélidis, elle parle constamment de musique, elle travaille en musique. C’est une personne fascinée par la culture tzigane notamment. En ce qui concerne Henri et moi-même, nous sommes tous les deux de grands passionnés de musique également, je faisais du jazz vocal avant de monter ce spectacle, on a une bonne connaissance des capacités musicales de l’autre, c’est un moyen rapide de communiquer pour nous. Sans oublier que le rapport entre les mots et la musique est quelque chose que je trouve vraiment fascinant, j’ai fait des expériences de lecture pour tenter d’appréhender le rythme et la musicalité des mots plus que leur sens.

Une façon d’évoquer plutôt qu’incarner le personnage ?
C’est impossible pour moi d’incarner ce personnage, c’est une personne trop vivante, je ne me sentirais pas à ma place si je devais jouer Grisélidis. Je trouve cette femme absolument fascinante, je n’arrive pas à avoir d’avis sur son combat et ses contradictions, mais son amour de hommes me passionne. Je suis très respectueuse de cette personne, car elle illustre à merveille toutes nos contradictions et possède un vrai don de la parole, une double liberté qu’elle doit à sa condition d’intellectuelle et de prostituée.

Comment s’est fait le choix des textes ?
J’ai une grande passion pour la correspondance et le récit épistolaire. Avec cette base datée, Henri peut se détacher des partitions et laisser libre cours au spontané, au ludique. Après, il faut savoir que les textes que j’ai choisi sont quasiment tous extraits d’un récit épistolaire de plus de 200 lettres, toutes différentes dans le ton et les thèmes traités.

Recueilli par Raphaël Chapalain
Photo Philippe Remond