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Mythos 2016

« 5 et 3 font 8 », ou comment perdre vos repères !

Un spectacle qui mélange les genres. On passe du one-man-show à la chanson tout cela pimenté de pics contre la société et mis en musique par un accordéoniste.

Dès l’entrée de Yannick Jaulin le décor est planté, avec une série de blagues qui conquièrent directement le public et l’évocation du mouvement « Nuit debout ». Pour les 20 ans de Mythos le conteur s’interroge et nous interroge; quels ont été les changements majeurs depuis ses 20 dernières années? Aucun selon lui et c’est pour cela qu’il voit dans ce mouvement les prémisses de changements. Après cette intro sur fond de contestation sociale, Yannick Jaulin nous fait entrer dans son monde, dans son terroir où le conte se mêle avec humour à l’absurdité.

Une musicalité introduite par l’accordéon.
Puis le spectacle prend une autre dimension avec l’arrivée de Sebastian Bertrand, accordéoniste, qui vient suppléer le conteur pour nous transporter en terre vendéenne. Un accompagnement à l’accordéon qui permet de transformer le conteur en chanteur et donc de passer en deux coups de soufflet du spectacle au concert. Entre chaque histoires, l’accordéoniste nous maintient un peu plus longtemps dans l’univers du conte et nous laisse méditer sur le sens du récit.

C’est ainsi que ce duo construit avec une voix et un accordéon des univers contemporains ou passés, imaginés ou réels qui ne sont pas sans fournir une critique cinglante de notre société. Bien que l’ensemble du spectacle soit ponctué de remarques dénonçant le manque de démocratie et les travers de notre monde, cette critique atteint son paroxysme lors d’un « tour de France des migrants ».

Dans cette course morbides, le conteur décrit tel la célèbre compétition de vélo le parcours des migrants partant de Syrie pour Londres. Par ce biais, il dénonce à la fois le traitement médiatiques fait aux migrants mais aussi les conditions de survis auxquelles ils sont confrontés. Un duo donc définitivement engagé qui ne manque pas non plus d’autodérision « Conteur ! Il n’y a rien de plus ringard de nos jours! Si, peut être syndicaliste ou pire zadiste ! ».

Un final en chanson dans la fosse.
Et pour finir, le duo a décidé de faire ça en chanson avec le public. Notre conteur, chanteur, humoriste nous révèle alors sa dernière casquette celle de danseur. Il lance « Enlevez les chaises ! » avant de descendre de scène accompagné de son accordéoniste et d’entamer une danse de la joie qui tourbillonne au rythme des applaudissements du public.

Jérémie Le Henaff
Visuel © Titouan Massé