Hier soir, Feu ! Chatterton a attiré les curieux sous le chapiteau du magic mirror. J’en faisais partie ; et j’ai eu l’impression délicieuse de rencontrer les nouveaux héritiers du rock français.
Le chanteur ressemble à un gentleman qui se serait trompé d’époque ; il paraît d’abord un peu emprunté. Mais cet oiseau là parle, crie, le visage déformé, avec un timbre qui rappelle parfois celui de Bertrand Cantat. Les morceaux sont longs, intenses, structurés par une batterie puissante et des riffs tourmentés.
Mais la principale caractéristique de ce groupe, c’est bien leur poésie. On a l’insolence d’un Baudelaire, le surréalisme d’un Eluard… Le nom « Cadavre exquis » est bien choisi. Si les mots de Feu ! Chatterton semblent pris au hasard, réunis par le jeu du destin, à bien y écouter ils sont taillés à l’emporte-pièce, assemblés en jeux de mots soigneux.
Ce groupe parisien (« on fait avec », glissent-ils) chante d’autres « contrées cérébrales », le départ d’un ami, la folie. Tout ça en mêlant poésie, classe et rock’n’roll.
40 minutes de concert, c’était finalement trop peu : le public commençait seulement à s’agiter. 20 minutes supplémentaires n’auraient pas été de trop pour intégrer tout le public à ce cercle des poètes réapparus on ne sait comment. Des poètes qu’on ira revoir, pour sûr.