La salle s’éteint, le silence s’impose. Les premières notes retentissent et les corps explosent. Nul ne résiste au rythme du calypso et voici qu’entre en scène la rayonnante Calypso Rose.
En cette fin de dimanche et malgré une petite brise, il faisait chaud à Mythos, très chaud, et ce n’est pas Calypso Rose qui a refroidi l’atmosphère. Dans un magic miror déjà suffocant, la chaleur des Antilles était bien là ! A bientôt 77 ans et toujours dans la fleur de l’âge, la chanteuse n’a rien perdu de sa vitalité. Pleine d’humanité, l’incontestable reine du calypso déploie toute son énergie, et dans ses yeux pétillants se lit la joie de savourer de tels moments. Que serait ce concert sans souligner les talentueux chœurs et musiciens qui ont enflammé le public sans faiblir sur le rythme endiablé du calypso ! Pendant une heure trente la musique s’est emparée des corps, formant une alchimie magique et poignante aux côtés de cette légende caribéenne. Ce dernier concert aura fait voyager les spectateurs à l’autre bout de l’Atlantique, un jour de carnaval sur l’île de Trinité-et-Tobago d’où est originaire Calypso Rose.
« I am the queen » a-t-elle scandé avant d’entamer Calypso Queen issue de son dernier album réalisé par Manu Chao. A n’en pas douter cette chanson résonne comme une victoire, celle d’une petite fille qui est parvenue à s’imposer malgré le mépris, celle d’une femme qui continue de chanter et de faire rayonner le calypso par-delà le tumulte. C’est l’occasion pour l’interprète de rappeler l’esclavage subit dans le passé qui a sédimenté l’histoire des peuples en Afrique et aux Antilles, de se faire la voix des femmes opprimées et de défendre l’émancipation de toutes et tous en évoquant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Telle est la subtilité du calypso où les airs dansants et festifs côtoient des paroles engagées, sur la vie quotidienne ou humoristiques.
Le Cabaret Botanique est en ébullition, le plancher gronde et les miroirs vibrent. La générosité est à Calypso Rose ce que le soleil est aux Caraïbes. Bien plus qu’un hommage, c’est un talent lumineux qui est salué pendant de longues minutes par un public comblé et heureux, une clameur qui continuera bien après la sortie de l’artiste. Ce dimanche soir, le soleil s’est couché plus tard qu’à l’accoutumé sur le Thabor.
Photo © Nico M