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Mythos 2016

De la parole à l’image…

« Agence, collectif, club ? Ni l’un, ni l’autre, ni l’autre. Hub d’indépendants unis sous le même drapeau, à la même adresse, nous concentrons toutes les fonctions créatives », peut-on lire sur le site d’Here We Are, hub créatif à l’origine des visuels du festival Mythos qui envahissent progressivement la ville de Rennes. Des visuels colorés, aux nuances pop qui accrochent le regard, interrogent, questionnent de manière ludique le thème de la parole. Mais comment illustrer la parole ? Nous sommes allés à la rencontre des concepteurs des visuels : Mickaël Blonce, directeur de création et fondateur de Here We Are, et Etienne Danthez, graphiste et directeur artistique, répondent à nos questions.

Here We Are, c’est quoi ?

Mickaël : C’est une structure récente, créee il y a quatre mois. On travaillait ensemble depuis quelque temps, et on voulait proposer une agence différente ; ce n’est pas totalement une agence, c’est une structure qui regroupe huit métiers de création. D’où le nom de creative hub. Chacun a ses projets et appelle quand il a besoin des compétences d’un autre. On est très complémentaires. 90% de notre activité tourne autour de la publicité, en coopération avec des entreprises privées. On travaille pour un dossier culturel, les Transmusicales, depuis 2001.

Comment vous est venue l’idée de travailler pour Mythos ?

Mickaël : J’ai travaillé il y a très longtemps pour Mythos, lors de la première édition au Thabor. Cette année, l’équipe nous a contacté pour travailler à la communication du festival, en créant des visuels.

Quel est le projet que vous avez élaboré pour le festival ?

Etienne : L’idée de départ, c’était de faire des portraits de personnalités qui étaient des icônes de la parole. On a voulu se concentrer sur la parole, car c’était un axe qui n’avait pas été entièrement exploité auparavant. On a donc sélectionné huit, dix personnalités qui incarnent ou ont incarné la parole. Pour faire le lien entre le visage et le festival, on a mis en place un système de hashtag, reprenant la formule #20ANSDE…, pour célébrer les 20 ans du festival. Au départ, ça a été un peu chaotique, il fallait trouver un style graphique qui fonctionne. Notre méthode n’était pas la plus rapide, parce que c’était la première fois qu’on faisait ce genre d’illustrations. Une fois que la mécanique graphique s’est mise en marche, ça a été assez rapide. En tout, le projet a mis trois mois à être réalisé.

Mickaël : Au départ, on a proposé au festival quatre axes très différents, pour que l’équipe en choisisse un. Un de ces axes étaient de créer des petits teasers avec des accroches à la con : Amy Wine House, Thabor Nak.

Une autre de nos pistes, qui n’a pas été retenue, tournait autour du thème de la salive. Une autre consistait en des déclinaisons sur la langue, autour d’expressions communes. Finalement, on a aboutit à ces visuels, dont l’image de Dalida. Le hashtag choisi marchait très bien, et son portrait aussi. Le festival a adoré.

dalida

Quelle méthode graphique avez-vous utilisé ?

Etienne : C’est de la rotoscopie, qui consiste à travailler une illustration à partir d’une photo. Une fois qu’on a trouvé la photo qui nous plaît, on dessine par dessus, en traçant des zones d’ombre et de lumières, en l’occurrence en formes géométriques. On adapte l’image, on la simplifie. C’est un exercice qui n’est pas forcément facile au départ, quand on ne l’a jamais fait.

Mickaël : On est plusieurs à avoir essayé, et c’est hyper dur, il n’y a que Etienne qui sache faire ça. Il faut savoir très bien dessiner. Ce choix répondait au premier axe qui nous intéressait, avant la parole : on voulait une communication hyper fun, ludique, colorée, décalée. Il y avait cette même volonté chez l’équipe du festival. On voulait faire de la parole marrante, avec un côté pop, moderne, actuel. C’est un traitement inscrit dans son temps.

Il y a-t-il des projets de visuels que vous avez du abandonner, à cause de certaines contraintes ?

Mickaël : Oui, les contraintes juridiques nous ont valu quelques angoisses. Certains des portraits que l’on a proposé ont été validés par le festival, mais on s’est rapidement rendu compte qu’on n’aurait jamais les autorisations pour les utiliser. On aurait bien aimé utiliser le personnage de Ribéry, qui pour nous est un symbole des arts de la parole (#LAROUTOURNEVATOURNER). On nous a dit : « Si vous faites Ribéry, c’est le procès assuré », et donc de l’argent perdu. Au début, les personnages choisis n’étaient pas forcément des icônes positive ; au tout départ, notre idée, c’était d’adopter un raisonnement en creux, en ne choisissant que des personnes qui utilisent la parole de manière, on va dire… (*réflechit*)… contestable. On a aussi pensé à Patrick Sébastien avec #20ANSDETOURNAGEDESERVIETTES, à Jean Claude Vandamme. On a même voulu attaquer le politique, mais le terrain devenait dangereux.

Et en ce qui concerne les visuels actuels ?

Mickaël : L’image de Gandhi est une image libre de droits, celle de Dracula aussi. Celle d’Alice au pays des merveilles est une pure création. C’était différent pour l’image de Dalida : quand on a proposé ce visuel avec #20ANSDEPAROLESETPAROLES, l’équipe du festival a adoré… sauf qu’on n’avait pas les autorisations pour utiliser la photo. Donc on s’est retrouvés un peu coincés ! On a décidé d’appeler Orlando productions, géré par le frère de Dalida, qui est le légataire universel de ses droits. Etienne a fait l’illustration, on a monté le visuel et on le leur a envoyé, avec un descriptif du festival. Ils ont trouvé ça super beau, et on a eu l’autorisation d’utiliser cette image pour le festival. Ce n’était pas gagné, Dalida est un personnage qui revient à la mode, et les demandes d’autorisations sont nombreuses. On était fiers de s’en être sortis !

Maïwenn Le Brazidec & Enna Le Biavant
Visuel © Mickaël Blonce / Here We Are

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