L’artiste complet qu’est Flavien Berger nous revient avec un nouvel album, Contre-Temps, sorti en septembre dernier, dans lequel il nous fait voyager à travers ce qu’il qualifie lui-même d’un « souvenir où l’on progresse lentement ». Il s’agit du deuxième opus de l’artiste, après Léviathan, sorti en 2015, qui avait déjà récolté un franc succès auprès de la critique et du public. Artiste polyvalent : musicien, compositeur, parolier, Flavien Berger met un point d’honneur à réaliser entièrement chacun de ses albums, de l’écriture à la réalisation et à la production. L’album donne le sentiment d’un huis-clos privilégié avec le musicien, ce qui est peu étonnant car l’album a été composé dans une chambre reconvertie en studio d’enregistrement. Sur des mélodies légères et planantes, une histoire se dessine peu à peu, mêlant sons pop et psychédéliques, discours scientifique et sonneries iPhone. L’auditeur attentif entendra certains sons du quotidien comme des betteraves qui cuisent, des objets s’entrechoquant dans un sac plastique ou des bouteilles de vin frottées les unes contre les autres. Il nous livre un travail abouti, d’une fraîcheur nouvelle dans le monde de la chanson française et une originalité sans faille. L’album a d’ailleurs été qualifié par Les Inrockuptibles comme « l’une des meilleures réalisations de ces dernières années ».
L’ouverture se fait sur Rétroglyphes, qui nous procure dès le début le sentiment de pénétrer à travers un portail nous menant vers une autre dimension, celle de « l’univers Flavien Berger », une autre réalité, d’ailleurs confirmée par les paroles : « tu viens de plier la réalité ». Son travail nous donne le sentiment d’avoir embarqué dans un voyage à mille lieues de l’espace-temps terrestre. Les codes y sont revisités avec des paroles étranges comme : « ta robe a la couleur petit-déjeuner », mais pourtant cohérentes et qui se mêlent parfaitement à la construction musicale.
On retrouve le thème du voyage inter-dimensionnel un peu plus loin dans l’album avec Medieval Wormwhole, sur une mélodie répétitive s’apparentant à une comptine pour enfant. Une voix de femme s’exprime, presque inaudible : « il s’agit de considérer notre univers comme une feuille de papier bi-dimensionnelle et d’y définir deux points, espacés dans la longueur l’un de l’autre. Si l’on plie la feuille en deux, les deux points se retrouvent l’un au-dessus de l’autre, ainsi la distance la plus courte pour les joindre, serait non pas de parcourir la feuille mais de quitter la surface et de traverser l’air qui les sépare donc de passer par une dimension supérieure à la dimension feuille ». Enfin, l’album se ferme sur Dyade, une mélodie douce, c’est la fin d’un chemin, après un long voyage, un road movie en bord de mer : « Marimba dans la sono, Ventura Bay dans le rétro ».
Flavien Berger confirme sa personnalité détonante dans cette opus plein d’influences et de tendresse mélodieuse. Eclectique à souhait, il a su nous transporter et nous faire vivre, quelques instants, à contre-temps…
Coups de cœur de l’album (bien qu’indivisible) :
- Castelmaure
- Maddy la nuit
- Pamplemousse
- Contre-temps
N’hésitez plus à prendre votre place pour Flavien Berger le vendredi 5 avril au Cabaret Botanique !
Anna Aubin / © Julien Bourgeois