Catégories
Mythos 2016

La Beauté, Recherche et Développements : Dé-jan-té !

«  La vie est dure, mais si elle était molle, qu’est-ce qu’on s’ennuierait  !  ». Cette petite phrase résume à elle-seule la tonalité de La Beauté, Recherche et Développements, spectacle déjanté qui ne laisse jamais spectateur en reste. Se transformant en conférencières loufoques, Lila Redouane et Florence Muller, alias Nicole et Brigitte, explorent le domaine de la beauté, mais aussi celui de la vie et de la mort. Qu’est-ce que la beauté  ? Pourquoi vouloir la préserver à tout prix  ? A travers dialogues ubuesques, chorégraphies endiablées, mimiques pincées, et tics variés, Nicole et Brigitte nous plongent dans leur univers si particulier. Elles enchaînent les gaffes, les lapsus, les jeux de mots, s’interrompent et s’emmêlent dans leur propros. Elles se perdent puis se retrouvent, avant de se perdre à nouveau, passant de la joie à la peur en un éclair. Au delà du rire, déclenché par un délicieux comique de répétition, les deux femmes touchent à la beauté dans ce qu’elle a le plus intime, de plus personnel. Elles se mettent à nu, littéralement, pour toucher aux thèmes de la mort, de la vieillesse, de la transformation du corps. Leur sincérité nous touche, sans jamais tomber dans le registre larmoyant. C’est bien là la performance de ce spectacle  : réussir à tourner en dérision des sujets a priori graves, et faire un ingrédient de leur promenade à travers le beau. Au long du spectacle, ces deux artistes nous révèlent l’extrème diversité de la beauté : le beau ce n’est finalement pas un visage ou un corps sur lequel on refuse de voir s’écouler le temps, c’est un «  Je t’aime  », c’est la main tendue d’un enfant, c’est un vieux monsieur qui offre son parapluie à une fillette en pleurs, c’est la tranquilité d’un lac de montagne, et bien plus encore. Ainsi La beauté, recherche et développements offre bien plus que le spectacle de deux femmes maladroites et terriblement drôles, il propose aussi une réflexion sur les clichés de la beauté au XXIème siècle, et sur la nature mortelle de l’humain. Rien que ça. «  Ah oui, parce qu’il vaut qu’on vous le dise, ça va finir par la mort  », nous prévient Nicole. En sortant, une impression reste, entendue dans la bouche de deux spectatrices  : «  Com-plè-te-ment dé-jan-té  !  ».

Enna Le Biavant
Visuel © Nico M