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Mythos 2015

La Parole

« Tenir parole », « une parole d’honneur », « couper la parole », « la parole est d’argent mais le silence est d’or ». De Harold Pinter qui la voyait comme «un stratagème constant pour couvrir la nudité » à Dalida qui se plaint des mensonges qu’elle dissimule, une chose est sûre, la parole fait parler d’elle ! Mais qu’en est-il réellement ?

Officiellement, la parole c’est la capacité de s’exprimer par le langage articulé. Ce ne sont donc pas juste des mots, ce sont des mots que l’on prononce. En réalité, la parole c’est bien plus que ça. A certains moments elle nous échappe, et à d’autres moments on veut juste la partager avec qui voudra bien l’écouter. C’est là que la parole prend tout son sens. Une fois prononcée, elle ne nous appartient plus et c’est celui qui la reçoit qui se l’approprie. Il peut décider de la garder pour lui comme un trésor, ou de la partager et la faire voyager. La parole est belle parce que bien qu’invisible, elle met de la vie dans les mots, elle crée un lien entre les gens.

Et qu’en est il des arts de la parole dans tout ça? Le théâtre et la musique, ils explorent la parole depuis des centaines d’années en la tournant dans tous les sens, en essayant de la décortiquer sans jamais la saisir complètement. Le temps d’une représentation ou d’un concert, on se laisse prendre par la main et la parole nous emmène avec elle, elle est faite de rêve mais aussi de peur. On peut essayer de la comprendre ou juste décider de l’écouter.

Parfois je me demande s’il existe une parole faite de silence. Après tout il y a aussi les choses qui ne se disent pas, et le silence aussi a sa manière de parler. Ici, pas question de mots articulés, mais il y a ces mots qu’on n’arrive pas dire, qui sont là dans nos pensées mais qui ne se décident pas à sortir. Il y a aussi ces mots qui se cachent derrière les autres, qu’on devine sans les entendre. Sur une scène, toutes ces paroles silencieuses, on sent bien qu’elles sont là et étrangement, tout le monde les entend quand même.

A présent, il est temps de lui laisser la place, à la parole. A la parole simplement prononcée, ou alors criée, clamée, chantée, chuchotée dans le creux de l’oreille et même silencieuse, à la parole qui blesse, qui émeut ou qui nous fait réfléchir. Il est temps de se laisser entraîner par elle et de voir où ça nous mène.

Montaigne disait que la parole était « moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute ». Ça tombe bien, parce que le festival Mythos, c’est un peu tout ça à la fois, alors on vous dit à la semaine prochaine!