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Mythos 2011

Magical Mystery Tour

Arnaud Samuel et Thierry Villeneuve jouent La traversée de l’Atlantique. Dans un bus. Mais dans quelle aventure on s’embarque encore ?
Une fois dedans et les portes refermées, on est happé par l’ambiance intimiste qui émane du lieu. La projection démarre, une image floue, des bruits d’oiseaux, intriguant, mystérieux. Le voyage démarre. Le violon d’Arnaud Samuel (le violoniste de Louise Attaque quand même s’il vous plait) se fait entendre dans le bus, le son prend de plus en plus de place jusqu’à remplir le petit espace et nous bercer. Les images en couleurs et/où noir et blanc défilent sur l’écran et, soudain, le musicien apparaît derrière la toile. Sa voix se superpose à la musique déjà envoutante pour nous emmener loin, en Amérique, sur les traces de Christophe Colomb. On comprend le déclin inévitable de la civilisation indienne face aux maladies, aux armes et aux tromperies des colonisateurs. Sans détours mais avec une grande poésie, les textes de Thierry Villeneuve et ses images nous évoquent une réalité trop souvent oubliée, celle qu’avant d’être les pays des grattes-ciels, les États-Unis étaient le pays des bisons et des tribus indiennes qu’Arnaud n’en finit pas d’énumérer dans une chanson. Mais finalement cette réalité doit laisser place à la modernité qui avance comme un rouleau compresseur. Mais l’Autre est toujours présent. L’Autre contre lequel il faut parfois se battre comme en témoigne le combat de boxe qui se déroule sous nos yeux, la quasi-lutte à mort qui peut parfois exister outre-Atlantique pour se faire « place au soleil ». Des silhouettes se découpent sur l’écran, se mêlant avec celle du musicien derrière, créant un subtil jeu d’ombre et de rencontre. On peut seulement regretter un trop pleins de détails parfois gênant à suivre, déconcentrant et déconcertant. Il n’en demeure pas moins que le voyage est réussi, le dépaysement total et la poésie nous berce, nous envoute, nous transporte ailleurs pour un peu qu’on ferme les yeux. Un spectacle qui gagnerait à sortir de la confidentialité.

Martijn Pineau
Photo Gaëlle Evellin