Originaire de Suisse, le rappeur a mis à l’honneur sa discographie avec un focus sur son dernier album Déjeuner en Paix sorti en septembre dernier. Les 45 minutes ont été rythmées par des classiques comme « Nouvelle écriture », « Merci bonne journée » ou encore « Cléopâtre » tout en intégrant ses indétrônables feats avec Hjeunecrack et Implacable, notamment « 2 Jackets ».
Le rap de Maïro, c’est comme il le défini lui-même un rap « dégueu-conscient ». Apparenté au style de rap de Détroit et influencé par ses origines érythréennes et indiennes, le jeune suisse joue sur des rimes polies et des structures de phrases techniques, en donnant à l’ensemble une apparence intelligible et authentique. Ses prod originales le démarquent et donnent à ses sons un résultat unique, d’autant qu’elles sont réalisées par son frère Hôpital avec qui il partage son succès.
Concernant le public, on a pu retrouver une certaine hétérogénéité avec une tranche d’âge allant de 15 à 35 ans et autant de curieux que de fins connaisseurs. Si le début de la prestation s’est avéré relativement calme du côté du public, l’énergie de Maïro s’est vite propagée dans la salle avec une fin de prestation enchaînant pogos et acclamations. De quoi laisser une salle bien chauffée à la prestation suivante donnée par son confrère Prince Waly; un enchaînement qui a par ailleurs très bien fonctionné.
Après M.A.I.R le légendaire, place à Prince Waly. Le rappeur du 93 entre en scène sur l’intro de l’album « Moussa », de manière théâtrale, avec sa veste en cuir et ses lunettes de soleil que l’on connaît si bien. Il enchaîne quelques morceaux banger (« Walygator », « Avertisseur part.II », « MP5 ») et le public se chauffe doucement. Place maintenant aux émotions. Il performe « BBF », puis, avec surprise, Enchantée Julia fait son apparition et chante « Crash » et « Âme sœur » à ses côtés, avec un amour transpirant sur la scène, merci pour cet amour.
Enfin, place à la bagarre. « Walygator » enchaîne 4 morceaux et le public se déchaîne, pogo sur pogo pendant une vingtaine de minutes, atteignant son climax sur « Balotelli ». D’un point de vue général, le concert était presque parfait, la connexion entre le rappeur et le public dans un festival et non un concert était géniale. Prince Waly n’hésitait pas à faire des pauses pour parler avec son public, renforçant la proximité de ses fans mais aussi des curieux qui veulent découvrir sa musique et son univers.
Ensuite, ce ne sont pas un, mais deux rappeurs qui sont montés sur scène. Les plus anciens se sont alors mêlés aux plus jeunes, comme deux générations de rap qui s’entremêlent, symbole du duo Isha et Limsa D’Aulnay venus performer pour l’une des premières fois leur projet commun, « Bitume Caviar vol.1 », succès critique incontestable de la dernière année de rap. Entre les blagues de Limsa d’Aulnay et les punchlines acérées du duo, les multisyllabiques se succèdent et la salle est conquise. Si leur dernier projet commun est la colonne vertébrale de leur performance, les deux artistes agrémentent également de leurs précédents featurings tels que « Modou » ou encore « Starting Block ». Lors de ce dernier morceau, un véritable frisson s’est emparé de la salle comme un souffle de nostalgie, tous en cœur, rappant les phases des deux rappeurs et nous assistions à une véritable communion entre les artistes et le public, ne formant qu’un.
✍️ Alexandre Shojai
Photos © Jean-Adrien Morandeau, Corentin Becquet