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Mythos 2018

Mon coup d’un soir avec Feu! Chatterton

« Bonsoir, nous sommes Feu! Chatterton ! »

Un groupe de pop rock parisien dîtes-vous ? Révélation de la nouvelle scène française en 2014 ? Remplissant chaque salle de concerts et de festivals sur son passage ? Non arrêtez, je ne suis tout de même pas passée à côté d’un si grand phénomène, à la fois musical et lyrique, durant toutes ces années ! Et bien si… et me voilà, presque égarée, devant la scène qui allait les accueillir, parmi une foule sans doute plus renseignée que moi sur l’affaire qui se préparait. Trois ou quatre chansons, tout au plus, avais-je en tête. Et il allait falloir que je ponde un article sur ces artistes qui ne m’étaient guère familiers. Il est de ces moments lors desquels l’on regrette de ne pas avoir été davantage curieuse, comme celui-ci où j’ai compris que l’écoute de leur tout dernier album, L’oiseleur, m’aurait dotée de repères avant de me plonger dans leur univers. Mais tant pis. On fait avec. Ou plutôt sans. J’allais me laisser porter au hasard par les mouvements de leur prose synthétique, au gré des pages de ce roman musical.

Et, en effet, ce vendredi 13 avril, le public de Mythos et moi-même avons abandonné nos corps aux vibrations offertes par Feu! Chatterton.

Et allez ! Allons-nous en avec Ginger ! Je fais la connaissance de ce petit cœur, en parcourant les sonorités envoûtantes que la bande nous déroule. Car, bien que les paroles soient la chair de Feu! Chatterton, la musique en est son sang ! Celle-ci partage son Ivresse avec un public enchanté qui s’agite en un seul corps malgré l’heure avancée. Les musiques s’enchaînent alors comme des verres de vin. D’abord sur L’Oiseau puis sur le Boeing, elle nous envole toujours plus loin. Nous quittons La Fenêtre de chaque Souvenir, laissant Les Ruines dans notre dos qui ne cesse de tanguer au rythme des guitares et de la voix. Cette voix ! Elle nous prend, nous charme avec ses Yeux Verts. On aimerait qu’elle nous déshabille et nous entraîne jusqu’À L’Aube. « Allons faire l’amour dans la forêt ! Tous ensemble ! », nous crie le chanteur. Agréable proposition certes, mais difficile à mettre en application. Mais sa voix nous baise déjà le cou, nous inondant de son parfum de l’outrage. Ce doux arôme sonore pénètre chacune nos oreilles déjà perdues dans la Zone Libre qu’est devenu le chapiteau. Libres, elles en redemandent ! Encore ! Mais le voyage est terminé et l’on reprend la maîtrise de nos sens, qui nous avait été dérobée depuis une heure et demie. Toute étourdie, un peu décoiffée, je me rhabille de ma routine et sors dans la nuit encore fraîche. Au revoir Sari d’Orcino, retour a Paname. Enfin, Rennes quoi.

« Nous ne nous reverrons plus », paraît-il. Mais qui décide ?

Photo © Franck Boisselier