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Mythos 2016

Promis, la prochaine fois, on revient tous moustachus !

Un concert de Deluxe ça se prépare. Tu n’y va pas en touriste comme tu irais voir un Dub Incorporation. Tu y risquerais gros. Il faut venir préparé mentalement et physiquement.

Se masser les jambes au réveil pour tenir le rythme du dubstep, se raser la barbe pour le style, et manger des sucres lents trois heures avant le show. Enfin, prendre sa dose de vodka au dernier moment pour partager avec eux ce grain de folie qu’ils transmettent sur scène. Mais, même en suivant de manière très stricte ce protocole, il n’y a pas de garanties que tu puisse rivaliser avec la famille Deluxe.

Car de l’énergie, Kaya (basse), Doubri (percussions), Lilyboy (chant), Pietre (guitare), Pepe (saxophone) et Kilo (batterie) en ont à vous alimenter une centrale nucléaire. Une énergie couleur rouge et or pour leur deuxième album Stachelight qui a littéralement fait jaillir du Magic mirror tout ce qu’il était possible de sueur et de joie. Mille personnes transpirants la funk, chantant tous les refrains, s’asseyant au moment juste. Les six acolytes aixois et le public se comprenaient parfaitement. De la télépathie dans l’air.

Tout commence par Tall ground et son fameux gimmick « Jump jump jump, cause Kilo said so » en clin d’oeil au batteur du groupe Kilo. Le ton est donné. Déjà les fans sortent leurs fausses moustaches et donnent tout ce qu’ils ont. Erreur. Ce n’est pas la meilleur stratégie pour tenir la distance. Car la track suivant est tout aussi énergique, c’est My game. Pietre, le guitariste du groupe a le smile jusqu’aux oreilles quand il commence à faire sonner les trois accords funky du morceaux. Soubri fait résonner les congas et c’est reparti pour trois minutes bien cardio.

Le public conquis. « Deluxe a tous les ingrédients du live magique » témoignait Solène à la fin du concert. Après une heure de concert, les mille pieds tambourinent le plancher du Cabaret botanique pour remercier le groupe et leur demander un dernier petit sprint. Il semble que la fatigue est en train de s’estomper. Un peu comme lorsque vous courez un 10 kilomètre. Les 3 premiers sont durs, mais une fois passé ce cap, vous atteignez un état de plénitude et ne ressentez plus aucune douleur, juste votre cerveau libérer une bonne dose de dopamine.

Le geste scénique à chaque instant. Deluxe compose ses musiques pour le public, cela se ressent. Il y a une volonté de faire partager son amour de la musique et de la scène. Au programme, pas de sons psychés et de solos interminables à base de pentatonique. Chaque musique a son gimmick et son originalité et vient à pic que dans le set. Lorsque tous les apprentis moustachus commencent à entrer en phase de déshydratation, Deluxe vient bercer les esprit avec Oh-Oh et redonner un peu d’eau de vie au Magic Mirror. Espace détente également avec la musique Seize your day où le public peut reposer un peu ses muscles. C’est important car la suite est explosive.

Un rappel époustouflant. Les six nous avaient concocté un smoothie bien mixé à base des premiers tubes qu’ils jouaient dans les rues d’Aix en Provence, Mr Chicken, Pony et l’emblématique Superman. Rien à voir avec les premières versions acoustiques. De la techno sur superman, des chorégraphies énergivores, et deux gros ballons imprimés d’une moustache deluxe envoyés au public qui se la renvoie d’un bout à l’autre du chapiteau. Personne ne s’est ménagé, on a tous grimpé aux rideaux du chapiteau.

Une formidable cohésion avec le public. Pour finir le live, une photo de famille. Celle-ci sera peut être particulière pour Deluxe. Les six semblent en effet avoir eu une impression impériale du public rennais. Soubri brandit sa gopro, les fans se regroupent au centre et posent de leur tête la plus rigolote. C’est la fin du spectacle et tout le monde l’a compris. D’aucun n’avait la force de demander, de murmurer « une autre ». Deluxe et son public n’ont plus qu’a s’étirer.

On nous a dit qu’un feu d’artifice initialement programmé pour le soirée d’inauguration des 20 ans de Mythos avait été annulé. Finalement, on l’a eu notre feu d’artifice.

Etienne Jubault
Visuel © PLoewen (12-55)