Ce vendredi 29 mars, je suis allée voir Éloquence à l’Assemblée au Cabaret Botanique dans les Jardins du Thabor. Quand je suis arrivée, la chapiteau était bondé, les spectateurs s’asseyant jusque sur les marches et les discussions allaient bon train.
Après avoir attendu une petite vingtaine de minutes, JoeyStarr est arrivé sur scène et la représentation a pu commencer. Voilà le topo : Pendant une heure, celui-ci a déclamé une dizaine de discours qui ont été prononcés à l’Assemblée Nationale depuis 1789 par des personnages tels que Robespierre, Victor Hugo, Aimé Césaire ou encore Alexis de Tocqueville. Entre chaque discours et parfois pendant, il s’arrêtait pour faire quelques commentaires ou traits d’humour sur les parallèles que proposaient ces lignes avec notre époque et ses rebondissements politiques et sociaux.
Dans l’idée, le concept était très séduisant et je m’attendais à me trouver moi aussi plongée dans chacune de ces époques par le biais de ces discours, à cerner le contexte de chacun d’eux tout en voyant toute leur pertinence encore actuelle. J’ai aimé découvrir la plupart de ces discours, plein d’esprit, d’élégance, si éloquents dans leurs mots.
C’est d’ailleurs ce qui a poussé JoeyStarr a participer à ce spectacle : donner une nouvelle publicité à ces mots datant de plusieurs décennies à plusieurs siècles et se frotter à l’exercice du théâtre avec lequel il n’est pas familier.
Malheureusement, j’ai trouvé la représentation un peu expédiée. L’interprétation était un peu faible à mon sens et je n’ai personnellement pas réussi à rentrer dans une atmosphère particulière qui auraient pu me faire ressentir le contexte spécifique des ces discours.
Finalement les choses ressemblaient davantage à une récitation ponctuée de quelques blagues sur la ressemblance de ces discours avec ce que nous vivons encore aujourd’hui. L’idée de départ était très bonne, cependant je pense qu’elle aurait pu être exploitée avec plus de sincérité. En effet, JoeyStarr sortait en permanence du spectacle, empêchant tout imaginaire de naître. Il riait régulièrement de lui même, « essayant de faire théâtre », n’ayant pas réellement envie de croire à ce qu’il essayait de montrer. D’ailleurs, le reste du public n’a pas eu l’air d’avoir été très pris non plus, les réactions se faisant timides face aux interpellations de JoeyStarr.
Par ailleurs, le charme avait du mal à prendre car tous les textes étaient intégralement lu sur le prompteur. En résultait un manque de vie dans les discours, puisqu’il se contentait de les déclamer, de les scander, en élevant la voix mais sans vraiment y ajouter de profondeur. De plus, il butait régulièrement sur les mots ce qui était dommage, bien qu’humain, puisque que l’objectif était de mettre en exergue l’éloquence de ces paroles et ajoutait à l’impression qu’il ne s’imprégnait pas des textes en nous les disant.
À sa décharge, il semblerait que la mise en scène soit en temps normal plus développée avec des effets sonores et vidéos, ici quasiment absents, qui doivent permettre de créer une atmosphère plus immersive, mais c’est pour moi un bilan assez mitigé. Toutefois une note très positive : Le dernier discours que JoeyStarr a repris a été prononcé originellement par Nicolas Hulot et traite de l’effondrement de la biodiversité ainsi que de l’inaction des sociétés, questions bien d’actualité et qui ont pu laisser les spectateurs à des réflexions enrichissantes sur le chemin du retour.
Youna Jan / © Jean-Adrien Morandeau