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Mythos 2011

Un conte de faits


Dans un décor simplifié à l’extrême, Nicolas B., comme il se nomme lui même durant le spectacle, nous conte l’histoire de Jacques B., tueur en série homonyme de l’Oise (Picardie).

A travers l’exploration du fait divers sous toutes ses coutures, ses à côtés inconnus, ses souffrances mais aussi le pardon, Nicolas B. nous livre une peinture vivante, drôle et touchante de notre société et de ses membres. Sans jamais tomber dans le voyeurisme ni la satyre ni encore moins la moquerie bête et méchante, l’artiste nous dresse le portrait d’individus hauts en couleurs, tous plus réels et palpables les uns que les autres, comme si chacun d’entre eux était une face de Nicolas B. qui devient sur scène une sorte de caméléon, jouant tour à tour le rôle du chroniqueur judiciaire divorcé, du commandant de gendarmerie désabusé par le violence des hommes, du pilier de comptoir dans une ville perdue de Picardie ou de la fille d’un tueur en série. Le récit qui mêle réalité et fiction reste profondément humain, à tel point parfois qu’il le devient trop. Ah, « humain trop humain » disait Nietzsche. Si à certains moment on se sent mal à l’aise face à cette histoire, c’est avant tout parce que le conteur nous tend un miroir de nos pulsions les plus inavouables, les plus sombres, les plus destructrices, avec toujours en filigrane la question obsédante : « Pourquoi certains franchissent-ils la ligne rouge » ? A travers son spectacle, l’artiste cherche à se libérer et à nous libérer de la fascination et de l’emprise que le Mal peut avoir sur nous, renouant par là avec l’esprit antique de la catharsis.

Martijn Pineau

Nicolas Bonneau, Faits divers à l’Aire Libre jusqu’au jeudi 14 avril