La boxe, je n’y connais strictement rien et pourtant, je ne me suis pas ennuyée une seule minute durant ce spectacle sur le « combat du siècle » : le combat de boxe en 1974 à Kinshasa au Zaïre entre Mohamed Ali anciennement Cassius Clai et George Foreman. L’un a pour lui la ruse et l’expérience, l’autre sa jeunesse et sa force.
Nicolas Bonneau casse dès le départ les clichés sur la boxe et nous fait comprendre à travers des exemples cinématographiques que la boxe fait partie de nos vies : Rocky, sa première idole d’enfance, un looser, Million Dollar Baby, Charlie Chaplin …
Pourtant, l’important, ce n’est pas le combat de boxe mais son contexte historique. L’un des boxeurs représente la cause des noirs, engagé auprès de Malcom X dans les frères musulmans, refusant de faire son service militaire au Vietnam pour des blancs qui le traitent de nègre contrairement aux Viet-congs ; l’autre est l’Oncle Sam des États-Unis, l’esclave apprivoisé des blancs.
Nicolas Bonneau nous fait réfléchir sur la condition des noirs et l’importance qu’a eu Ali dans la lutte pour l’égalité des droits entre les noirs et les blancs : « C’est un combat entre deux noirs sur un continent noir mais vu par des milliers de blancs ».
Pourtant, l’important, ce n’est pas le combat de boxe mais la façon dont Mohamed Ali est devenu une légende. Des années après sa retraite, il est acclamé par la foule lorsqu’il réussit à allumer la torche malgré sa maladie de Parkinson lors des Jeux Olympiques d’Atlanta de 1996. Ce combat, c’est le début de son mythe, le début de la construction d’un héros, ovationné par tous : «Mohamed Ali, tue-le ! ». Il devient suite à cet événement : « The greatest ».
La boxe n’est qu’un prétexte, une métaphore pour nous faire réfléchir sur la vie. Comme il le dit si bien : « La vie, c’est comme la boxe avec ses rounds, ses coups, ses K-O mais pourtant, la boxe, ce n’est pas la vie ».
Nicolas Bonneau réussit à nous transporter dans son univers. Le spectacle est indéfinissable, ce n’est ni du conte, ni du cinéma, ni de la chanson, c’est un mélange des trois. Il nous raconte son histoire mais les mots s’enchaînent tels une mélodie poétique, des phrases reviennent et restent en tête : «Regardez, regardez-le lutter sur les ruines frémissantes du vingtième siècle ». La musique fait partie intégrante du spectacle, fragments de round ; sur le grand écran au fond de la scène, le combat est diffusé puis décrypté et mimé par le conteur. Les huit rounds s’enchaînent, on découvre ces boxeurs, leur histoire, ce combat qui a marqué à jamais leur vie et le reste du monde.
Je n’ai jamais vu un seul match de boxe de ma vie mais là, j’ai le sentiment d’avoir assisté au plus grand combat qui ait existé.
On se retrouve sur le ring d’un spectacle de Mythos ?