Catégories
Mythos 2016

Affute ton rasoir, Deluxe débarque in da place !

D.E.L.U.X.E.

Si tu ne connais pas, laisse-moi t’en toucher un mot : Moustache !

A Mythos, on ne plaisante pas avec le choix des mots. Eh bien, c’est véritablement celui-ci qui caractérise le mieux ce sextet groovy solidement roadé par la maitresse de nombreux artistes, la rue.

Car c’est dans les rues d’Aix-en-Provence que les jeunes moustachus Pietre (guitare), Kilo (batterie), et Kaya (basse) ont commencé dès 2007 à faire swinguer les imberbes, les barbus et puis les quelques convertis à la mode, que dis-je, au courant de pensé du moustachisme. Ils sont rapidement rejoint par Pépé au saxophone et Soubri aux percussions avant de trouver leur voix féminine en 2010, celle de la franco-américaine Liliboy.

Lorsque pour la première fois Liliboy chante la track Pony avec Deluxe, la synergie est au rendez vous. « On s’est fait des câlins pendant des heures » explique Kilo, le batteur du groupe dans une interview donnée avant leur concert au PréO en 2013. Sans hésitation, elle est engagée directement « à la voix, à la sécurité et aux claquettes ». Pourtant un problème de taille se pose rapidement. Comment garder l’emblème de la moustache si souvent associé à la virilité masculine tout en intégrant une chanteuse ? Car pas question d’abandonner le symbole de la bande.

La première solution aurait été de transformer Lili en boy mais cela a été exclu. Non. Le groupe opte pour la métamorphose de la moustache. Liliboy l’adapte en robe, couleur or dans l’album The Deluxe Family Show (2013), rouge étincelant dans Stachelight (2016), leur dernier album produit par leur propre label Nanana record, qu’ils présenteront Vendredi au Cabaret Botanique. De toute façon, la moustache n’est pas exclusivement réservée aux hommes. Pensez à votre grande tante Charline qui aiment vous donner de tendres bisous ou encore à la moustache de Frida

Vous vous dites sans doutes : « c’est quoi ce délire avec la moustache, de quelle moustache tu nous parles ? » Bonne question. Est-ce la moustache bien entretenue d’un Dali, une bien touffue à la Einstein ? Une moustache subversive, une moustache d’ados ?

C’est avant tout, une moustache colorée et festive. « Salsa picante et fiesta » au menu du premier album The Deluxe Family Show contait la chanteuse franco-américaine Liliboy dans une interview donnée à The Web Tape.

C’est aussi une moustache de rigolos qui ne veulent pas sortir du merveilleux monde de l’enfance. L’année dernière, ils racontent leurs projets à Le Petit Agenda. « On aimerait monter un parc aquatique » explique Soubri, ou « créer un saut élastique à six culottes et six élastiques pour pouvoir sauter ensemble » raconte Kilo. Lilyboy quant à elle espère pouvoir monter son «magasin de bonbons ».

Leurs moustaches, en fait, c’est un peu comme un soleil autour du quel gravite un univers artistique, musical d’une diversité étonnante parfois déconcertante. C’est une moustache fédératrice de plusieurs styles, ceux de ses membres : le groove, le funk, le hip-hop, la pop. Les featurings de l’album en témoignent et font voyager. Mathieu Chedid s’associe aux six pour enregistrer « Baby That’s You ». Sur « Bonhomme », la chanteuse nigérienne Nneka pose sa voix envoutante. Et enfin, les violons s’invitent aux côtés d’IAM sur « A l’heure où »… Que du bonheur.

Une moustache qui fédère aussi leur public notamment par leur fameuse maxime « Si ça vous a plu, revenez moustachu ». Pour la petite anecdote, ce slogan est en fait directement inspiré de celui de leurs acolytes du Chinese man record qui clamaient, « pour rester zen, mangez des nems ».

J’y vais un peu fort dans l’interprétation, mais je dirais aussi que porter la moustache est un acte militant, une revendication. Celle du droit à forger sa propre identité. Car figurez-vous que l’État comme la société ne sont pas toujours cléments avec les moustachus. En Alabama, il est interdit de porter une fausse moustache dans une église et au Nouveau Mexique, ce sont les femmes qui n’ont pas le droit de sortir dans la rue pas rasées.Les compères de Deluxe semblent d’accord: « lorsqu’on débarque dans le métro à 6 avec nos moustaches, on ne regardent d’un œil un peu louche» racontent-il.

Ainsi, je crois qu’il est grand temps de nous lever contre la discrimination moustachère, l’ordre moral imposé par la barbe hipster.

Alors, que ce soit pour vous marrer, revendiquer votre droit à porter la moustache, protester contre les inégalités hommes femmes, ou bien ressembler à Dali le temps d’une nuit, affutez votre rasoir, faites tomber la barbe, collez un stickers au dessus de votre bouche, mais venez moustachus !

Deluxe, c’est vendredi à 22h30 au cabaret botanique à Mythos, pour présenter l’album Stachelight, et comment dire si t’as pas compris… ça va déboiter !

« Are you ready to play the game ? »

Etienne Jubault
Visuel © Boby

Deluxe – Stachelight
Vendredi 15 avril au Cabaret Botanique, 22h30