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Mythos 2014

Ah bah, ah bah, ah bah

« Savoir enfin qui nous buvons ». Un titre de spectacle plein de promesses, de découvertes, et de dégustation. Comment faire un article décent, sur un spectacle de 5 heures, que personne ne reverra jamais ? En effet, 5 heures de spectacle ne sont pas résumables en un article. Et celui ci étant basé sur l’improvisation, il est unique et en décrire le contenu serait dénué de sens.
Pour planter tout de même le décor, Sébastien Barrier a effectué pendant un an, une enquête sociologique par l’observation participative. Il a pour cela, suivi 7 vignerons de la Loire, et c’est autour de la dégustation de leurs vins que s’articule la majeure partie de la soirée. Le tout en 4 heures (annoncées) ; le pari est ambitieux.

Mais le problème, c’est qu’il n’est pas tenu.

Tout d’abord, a-t-on finalement su qui nous buvions ? Sébastien Barrier a prévenu qu’il avait un problème avec les digressions : on est bien obligé de lui donner raison, quand seulement une petite heure du spectacle est consacrée aux vins et aux histoires des vignerons. Pendant la majeure partie du spectacle, il raconte des histoires qu’il a vécues ces 10 dernières années : des anecdotes de soirées arrosées, des réflexions sur l’art de la parole, mais aussi de très touchants slams sur des sujets difficiles tels que l’addiction.

Il est difficile de noter tout ce dont il a été question, d’ailleurs la question a pu se poser : comment retranscrire la parole à l’écrit ? Avec un débit de parole tout à fait impressionnant qui condense en 5h ce qui se dirait en 10, il s’adresse directement au public, et attend des réponses, une forme de discussion s’installe avec les connaisseurs. L’humour est parfois douteux, mais il ne surprend plus vraiment quand on a cerné le personnage : Sébastien Barrier définit lui-même son caractère et son spectacle comme « un peu ébouriffant(s) ». C’est audacieux, dérangeant, provocateur.

Mais le charme n’a pas opéré. Pas pour nous, en tout cas. Certains spectateurs ont trouvé ce spectacle intéressant, en toute honnêteté nous avons parfois pu le ressentir comme une sorte de piège : les 4 heures annoncées pouvaient déjà décourager, mais c’est sans compter la durée réelle du spectacle qui a pu durer, improvisation oblige, 5 heures 30. Et 5 heures 30, quand le contenu du spectacle ne correspond pas à sa description… c’est long, et décevant. Et la déception est d’autant plus amère que ce spectacle qui regorgeait de promesses aurait pu donner lieu à un petit bijou.