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Mythos 2018

Astéréotypie, à la découverte de la différence

C’était avec un sentiment d’aventurière en terre inconnue que je suis allée au concert d’Astéréotypie. Je n’avais pas écouté leurs productions, non pas par manque de curiosité mais plutôt pour me laisser surprendre, pour réussir à capter la sensation du premier instant de découverte. Après 45 minutes de musique entraînante et de textes étonnants, le groupe fait partie de mon top 10.

Alors que le chapiteau se remplit peu à peu de festivaliers curieux, les lumières s’éteignent et les artistes entrent sur scène un à un. Tout le monde est en position. Alors on entend une explosion de sons, une énorme boule d’énergie surgit dans un espace qui était tout à fait calme cinq secondes plus tôt. Le premier chanteur, suivi de quatre musiciens, saute partout sur la scène, ça crie, ça se défoule. Les lumières, colorées, jaillissent de toute part et rendent l’atmosphère encore plus fantastique. La mise en scène du concert, si dynamique, fait presque oublier la particularité des trois chanteurs qui prennent place à tour de rôle au micro. Les textes, beaucoup moins, ils se rapportent sans cesse à leur handicap, leurs angoisses, leurs joies et leurs fantasmes. Les chanteurs, devenus ambassadeurs de l’autisme, évoquent leur quotidien dans des textes écrits sans superficialité, ils se mettent à nu face à leur public. Face à eux, les corps dansent et les oreilles écoutent, le concert d’Astéréotypie ne se vit pas que partiellement. Alors que les artistes expriment leur sentiment de rejet de la société et le mal être que cela engendre, les voilà propulsés sur le devant de la scène, avec à leur pied des dizaines de spectateurs émerveillés par la justesse du sens qui se cache derrière des paroles qui peuvent sembler maladroites au premier abord.

Les chansons, courtes, mais pas moins intenses pour autant, demandent au public d’oublier pendant un instant son bon sens. Astéréotypie n’accorde de valeur qu’à l’émotion du moment.

Le concert se termine sur Le cachet, chanson qui évoque la contrainte d’un médicament à prendre dès que le handicap prend le dessus sur les comportements considérés comme « normaux ». L’artiste qui l’a composée n’est pas présent sur scène, la chanson est interprétée par un de ses collègues. Peut-être le compositeur de cette ode à la vie dort-il, sous l’effet du cachet, de cette pilule bleue dont il ne veut pourtant pas être dépendant…

Photo Franck Boisselier