Un piano à queue composé d’un clavier et d’une table recouverts d’un drap, une paire de chaussures de randonnée sur ce dernier et un micro dont Manu Galure n’a que partiellement besoin tant son énergie capte l’attention du public de la Péniche Spectacle. Le décor est là et il révèle à lui seul la teneur d’un des cinq concerts de la semaine du baladin (parce que oui, il en fait cinq en plus de marcher 25 kilomètres par jour) : des conditions matérielles bien loin de celles d’un artiste habitué au clinquant mais une imagination et un dynamisme à couper le souffle.
Alternant entre anecdotes de voyage et mise en avant des travers de nos sociétés en chanson, le jeune Toulousain, parti en septembre 2017 à l’assaut de l’Hexagone, suscite très vite l’engouement dans le public. Il faut bien le reconnaitre, son humour grinçant parfois à la limite du cynisme moderne ne peut que le rendre attachant. C’est pourtant principalement sous la forme de comptines ou de chansons légères que l’artiste délivre ses pensées et c’est bien là le tour de force. Qui donc sait mettre en avant l’individualisme sous sa forme la plus délétère grâce à la chanson des trois petits cochons revisitée ? L’intolérance et les préjugés en chantant l’histoire d’un pingouin ? Les excès du capitalisme actionnarial avec une comptine sur la pluie ? On se surprend à fredonner en sortant les mélodies simples mais diablement efficaces que le baladin nous a délivrées. Certes, la surprise est de taille au début du concert mais l’on rentre très vite dans le jeu (d’acteur) de Manu Galure. En effet, c’est la présence scénique de ce dernier qui met très vite son auditoire dans sa poche, avant ses chansons sans doute. Ses récits de voyage, allant de son goût variable pour le kouign amann aux concerts parfois surprenants qu’il a pu jouer, prêtent à rire et sans doute peut-on sans risque affirmer qu’il est aussi conteur que chanteur. On en oublierait vite que c’est un concert officiel tant on aurait pu croire que l’on accueillait dans son salon le jeune voyageur venu du Sud-Ouest.
Photo © Fabien Espinasse