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Mythos 2023

BLOND

Des mélodies familières et des paroles débordant d’une sincérité qui ne peut laisser indifférent.e, blond se dévoile à travers ses chansons douces aux accords de guitare entraînants, réchauffant les cœurs des festivalier.ères d’une voix, celle d’un ange ou bien d’une sirène, qui nous promet que tout ira bien.

J’ai découvert l’artiste blond (qui est tout à fait brun) samedi soir au Festival Mythos, auquel j’assistais pour la première fois. Il était le premier des trois artistes programmé.es ce soir-là. C’est toujours un challenge de faire face à un public qui commence sa soirée, et il a réussi haut la main à ambiancer le Cabaret Botanique, et ce dès sa première chanson.

Blond m’a beaucoup touché. Chacune de ses chansons est inspirée d’expériences vécues, qu’il raconte avec une sincérité qui ne peut laisser indifférent.e. Il aborde des thèmes intimes comme la sensibilité, la sexualité, les disputes entre des personnes qui s’aiment et les mots qui peuvent dépasser notre pensée dans ces moments-là, mais aussi l’amour tout simplement, au sein d’un couple, ou d’une famille. Ses chansons sont autobiographiques, et il invite son auditoire à écouter son histoire, son vécu, en partageant avec nous des moments de sa vie, en se dévoilant petit à petit, chanson par chanson. Il nous a vraiment donné l’occasion de faire sa connaissance un peu plus à chaque morceau, qu’il introduisait en nous racontant l’expérience qui l’a inspiré. J’ai été particulièrement touché par « Madame », dans laquelle il révèle les moments difficiles qu’il a vécu enfant en tant que garçon « trop sensible », et surtout comment il a réussi à en faire une force.

Avec sa musique, blond crée un véritable moment de partage et de connexion avec le public. Les sujets intimes qu’il aborde, nous les connaissons et nous les avons vécus. C’est une intimité qu’on partage et dont on parle peu, alors quand on la chante ensemble et qu’on pose des mots et des notes dessus, ça fait du bien. La scène du Cabaret Botanique était parfaite car elle offrait la proximité idéale pour ce genre d’échange entre le public et le musicien.

Je crois que mon moment préféré a été quand il a dit : « Vous savez ce moment dans une dispute, quand on ne sait plus quoi dire pour se défendre et que notre ego prend le dessus, que sans réfléchir on balance une pique à la personne en face, quelque chose qu’on ne pense pas et qui blesse, et qu’on revient à nous en prenant conscience de ce qu’on vient de dire et que le mal est fait, qu’on ne pourra pas revenir en arrière… », et qu’une vague d’approbation timide a traversé le public… Blond touche des cordes sensibles, les nôtres comme celles de sa guitare, d’une simplicité et d’une bienveillance surprenantes. Sa voix de sirène directement venue des mers nous attire éperdument vers lui, vers la scène, vers sa musique, mais au lieu de nous dévorer comme de pauvres marins égarés, il nous offre un moment hors du temps et nous promet que tout ira bien.

Samedi soir, j’ai donc découvert un artiste prometteur et engageant, qui s’est présenté à nous, des générations de festivalier.es réunies autour de la musique, en nous faisant danser et en réchauffant nos cœurs tout juste sortis de l’hiver (ou bien était-ce la bière du bar ?). Sa discographie raconte blond : fort, sensible, magnétique, et je suis convaincu qu’il continuera de se dévoiler ainsi au fil des titres.

Léandre Michel
Photo © Magali R