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Mythos 2018

Femmes

En cette fin d’après-midi je tente de poser à plat les souvenirs encore jeunes et embrouillés de ma semaine qui riment incontestablement au féminin.
Protestataires, engagées, insolentes, vivantes, les voix des femmes que j’ai pu découvrir résonnent encore dans ma tête.

Lundi soir, autour de 21h. Une foule attend le concert de Bertrand Cantat, rangée en file indienne jusque sur le parking. A l’entrée, munie de panneaux et de bougies, une petite masse se tient debout dans le silence. Nous nous approchons. Pour rappeler le public à sa responsabilité, les membres d’Osez le féminisme donnent la voix aux femmes victimes de violence conjugale. Je ne m’attarderai pas sur ce débat que chacun est libre de s’approprier selon sa conscience. Mais cette soirée a pertinemment introduit un sujet qui fût porté sur les planches.

Justement, le lendemain, c’est Lena Paugam qui interprétait Hedda au théâtre de La Paillette.
Dans un seul en scène poignant, la comédienne et metteuse en scène nous capte par sa force et sa délicatesse. Elle retrace une histoire d’amour, celle de Hedda et de son mari, de ses premiers jours innocents à son implosion cruelle. Car c’est bien d’amour dont parle cette pièce, un amour passionnel, torturé, d’une vérité ardente et maladive.
Lena Paugam porte le texte de Sigrid Carré-Lecoindre avec brio, dans toute sa violence et son émotion. Elle ne réduit pas le combat de Hedda contre les coups et ses tortures intérieures à une victimisation facile. Hedda est passionnée, entière et forte. La faiblesse qu’elle cache réside également dans la brutalité de l’homme.
L’interprète déambule sur scène, assurée dans ses gestes et ses mots, et nous emplit d’émotions. Je vibre sous le timbre de sa voix et ne décroche pas mes yeux de cette femme qui nous saisit du bout des lèvres et des doigts.

Nouvelles femmes, nouvelles histoires. Me voilà partie pour Les Amantes. Dans l’intimité d’une salle rue de Paris, les deux comédiennes nous font le récit des vies de Brigitte et Paula, pour qui l’amour est un rêve, la voie d’accès à la vie et au confort, l’unique moyen d’échapper à leur condition. Le public réagit volontiers à l’humour grinçant qui donne une couleur tonique au spectacle. Moins forte émotionnellement que la pièce précédente, l’énergie dont font preuve les deux femmes est toutefois à saluer. Je dois avouer avoir été moins transportée, moins touchée par leur discours mais leur complicité donnait au jeu un ton léger pour adoucir ces histoires sombres.

La soirée se poursuit sous le Cabaret Botanique, où Beth Ditto a illuminé le Thabor. La chaleur de sa voix donnait toute sa force aux morceaux qui se succédaient entre deux “mauvaises blagues”. Ses plaisanteries ne sont pas aussi mauvaises que la chanteuse le prétend. Dotée d’un humour sans faille, Beth Ditto a une personnalité incroyable, solaire, elle partage sa bonne humeur avec le public.
Grande et belle découverte – et oui, pardonnez cette ignorance désormais résolue – en ce vendredi soir.
L’ancienne voix de Gossip nous enflamme avec ses morceaux explosifs.

C’est ici que se clôt mon parcours festivalier au féminin, un panorama sensible et engagé, entre militantisme et générosité.

Photo © Philippe Remond