Le monde de Fantazio et Théo Ceccaldi s’apprivoise, étranger d’abord à nos sens. Nous nous installons en retrait, un peu étourdis par la chaleur ambiante. Puis doucement, nos oreilles s’habituent à ces sons chimériques, découvrant alors un songe surréaliste et envoûtant. Des paroles lunaires dont seul le chanteur semble suivre le fil.
Voici les aventures de Bruno Bruno, “Brrrr Brrrr”, personnage que le chanteur dépeint dans des paysages métaphoriques. Les langues et les idées se mêlent et donnent le vertige. Il reste alors à percer l’imagination romanesque de Fantazio en se laissant hypnotiser par le tableau qui s’offre à nous.
Fantazio joue de sa voix et de nos oreilles entre récit et chant. Parfois il se pose, écoute pour repartir, imperturbable. Les mélodies s’envolent, crient, murmurent, crachent, vacillent, s’essouflent, respirent. Soudés à leurs instruments, les musiciens dessinent une aquarelle où des harmonies improbables rompent avec nos attaches. Les lumières participent au spectacle, marquent chaque contretemps, chaque dissonance lancée en l’air.
Les hommes face à nous sont des virtuoses, tant par leur technique que leur créativité. Violoniste, violoncelliste, pianiste, percussionniste entourent le chanteur contrebassiste. Ils explosent dans une écoute complice, transcendés par leurs improvisations de haute voltige.
Véritable laboratoire expérimental, l’univers musical de Ceccaldi et Fantazio, tantôt troublant, tantôt amusant, nous a grisé le temps d’un voyage inédit. Coup de coeur fantasque de début de semaine.
Photo © Nico M