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Mythos 2014

Il venait d’avoir 18 ans…

Mythos a un point commun avec vous ou moi. Chaque année, c’est son anniversaire. Chaque année, Mythos prend le temps d’organiser cet anniversaire, avec patience et méthode. Si ses organisateurs, au sein de l’association paroles traverses, ont d’autres missions, Mythos ne semble vivre que pour cet anniversaire, – notre fête, à tous. C’est qu’ils voient les choses en grand. Pas question de se contenter d’une petite sauterie amicale, comme vous et moi. Non. Son anniversaire, c’est une semaine folle, une semaine de folie(s). Une semaine d’aventure, de découvertes, d’éclats, d’éblouissement. Mythos est son anniversaire. Alors la fête se mue en festival, traverse la nuit pour s’étaler sur toute la semaine, à cheval sur le week-end, prend possession de Rennes pour coloniser ensuite tout le département. Pour notre plus grand plaisir.

Comme dans tous les anniversaire, il y a ce moment de calme, où l’on se retire avec notre hôte, et où on parle, tranquillement, paisiblement. De tout et de rien, de la fête, des gens, du beau temps… Les organisateurs du festival appellent ça pompeusement une « conférence de presse ». Bon. C’est vrai qu’il y a là une bonne dizaine de journalistes réfugiés là, dans ce coin de verdure tranquille, retranché à l’écart du festival, derrière la cantine des artistes. Il fait beau, on a retiré les manteaux, assis en demi-cercle, tout ce petit monde bavarde un peu, en attendant.  Les organisateurs arrivent, s’assoient face à eux, leur donnent un peu de matière pour faire vivre le festival dans leurs pages. Et puis en profitent pour jouer un peu avec eux, comme un chat avec une souris.

Ils nous rappellent les temps forts du festival, pour nous dire quels spectacles extraordinaires nous avons manqué. Apparemment, vous pouvez vous mordre les doigts de n’avoir pas acheté vos places pour [Weltanschauung], Pourquoi les poules aiment être élevées en batterie, La saga de la Françafrique (là vous n’avez pas vraiment d’excuses, il a été reprogrammé cette année face au succès de l’année précédente…), Nés poumons noirs (aha, celui-là, moi, je l’ai vu !)…

Et puis ils s’amusent à nous faire bouillir d’impatience. Ce qu’attendent les journalistes présents, c’est surtout les chiffres du festival. Ca fait bien dans un article, ça fait plus sérieux. On nous présente les chiffres de l’année dernière, le programme, les différents projets menés, qui ont animé le festival… On feinte, on va les annoncer… Allez, finalement, en fin de conférence, il faut bien le faire.

Alors qu’au final, le principal chiffre, tout le monde le connaissait déjà. Ce sont ces 18 ans, que l’on fête. L’âge de la majorité, pour Mythos.

Ces 18 ans qui étaient attendus « avec sérénité et fébrilité », après la folie des 17 ans du festival, anniversaire exceptionnel.

Parce que 18 ans, c’est l’âge de tous les possibles, de tout ces possibles que l’on retrouve dans une programmation résolument « ouverte et éclectique »,  des artistes habituels aux nouvelles expériences, des propositions « potaches » aux propositions plus « élitistes ».

18 ans, c’est l’âge de l’espoir, et de la joie. Mythos a voulu rendre les choses joyeuses avec sa programmation, avec des propositions « plus accessibles, optimistes, gaies ». Pour sortir les gens de leur noirceur quotidienne.

18 ans, c’est l’âge des nouvelles responsabilités. Vis-à-vis de l’environnement, avec une « green  team » chargée de maintenir propre le parc du Thabor, ou un système de covoiturage expérimenté pour la première fois. Vis-à-vis de la sécurité des publics, aussi, avec de nouveaux investissements qui ont rendu nécessaires les tarifs de nuit pour les consommations.

18 ans, c’est l’âge de toutes les expériences, qui se poursuivent au fil des années, toujours avec succès, avec Un Jour, un chef, qui nous a servi plus de 2000 repas (sans compter les repas des équipes et des artistes), ou avec les voyages au bout de la nuit que nous proposent les Nuits Mythos, sans Céline mais avec un public rennais qui a « un besoin compulsif de faire la fête, de se lâcher complètement ». Oh, et puis aussi le blog du festival, porté par les étudiants de l’IEP de Rennes (pour notre plus grand plaisir il faut l’avouer, le votre aussi on espère).

18 ans, c’est aussi l’âge de la grandeur, des plus hautes ambitions. Ouverture à l’opéra de Rennes, avec Vincent Delerm. Festival qui se prolonge jusqu’au lundi de Pâques, avec la clôture de Thomas Dutronc. Plus de 300 bénévoles, pleins de bonne volonté, toujours. Et un public qui suit ce rêve de grandeur, pour faire de Mythos un grand festival du printemps rennais. Plus de 35 000 spectateurs (le record de l’année précédente est dépassé). 79 représentations, pour 54 spectacles, avec des taux de remplissage très élevés. Les jauges explosent même, parfois. Environ 300 artistes, qui se livrent à nous pour notre plus grand plaisir. Un anniversaire grand, et grandiose, pour la majorité de ce festival.

Enfin, 18 ans, c’est aussi l’âge de l’engagement. Un engagement auprès des intermittents du spectacle, dès l’ouverture du festival, un engagement réitéré lors de cette conférence de presse : « Mythos n’existerait pas sans les intermittents. Leur combat est un combat important. »

Oui, Mythos est majeur, Mythos se fait grand. Mais à encore toute la vie devant lui. Pour notre plus grand bonheur.