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Mythos 2013 Texte

Jean-Louis Le Vallégant « C’est l’histoire de P’tit Gus… »

Dès mon arrivée à la Parcheminerie vendredi matin, je suis attirée par une mélodie envoûtante. Intriguée, je monte les quelques marches jusqu’au bar, et me trouve nez-à-nez avec un artiste et son petit saxophone, qui souffle quelques notes mélancoliques. Charmée, je m’assois dans une salle presque vide (je suis en avance) et contemple en silence ce calme ballet.

Le hall se remplit peu à peu, la musique s’arrête. L’artiste enjambe lentement la petite marche de l’estrade : nous voilà prêt à rencontrer P’tit Gus.

P’tit Gus, c’est un rouquin aux grandes oreilles qui se prend un jour de passion pour la bombarde. P’tit Gus, c’est le fils du boucher dans un village posé au bord d’une nationale, où les voitures passent mais ne s’arrêtent jamais. P’tit Gus, c’est l’histoire d’une vie, d’une confidence pleine d’humanité, de poésie et de musique, celle de Jean-Louis Le Vallégant.

À peine ceci est-il dit qu’un silence admiratif parcours le public de la Parcheminerie. Faire sa propre confidence après avoir passé plusieurs années à écouter et transmettre celles des autres (à travers le projet des Confidences sonores), c’est courageux, se dit-on ! « Mais être courageux, répond l’artiste, ça ne fait pas une proposition artistique. »

Débute alors un long travail de création et de mise en scène, ponctué de quelques présentations publiques comme celle à laquelle nous assistons ce jour-là.

Le but, s’il fallait en énoncer un, du projet de Jean-Louis Le Vallégant, c’est de rendre compte d’un monde rural dont on ne parle jamais. D’un monde oublié à une époque où les dernières coiffes bretonnes croisaient les premières crêtes de punk. D’un enfant qui traverse ce monde, d’abord promené par sa grand-mère puis seul, avec sa curiosité et ses oreilles mélomanes pour uniques bagages. P’tit Gus, c’est l’histoire d’un homme mais c’est aussi un peu de l’Histoire des Hommes. Un nouveau spécimen de ces Autres, universels, qui éclairent nos existences sous une lumière neuve et nous en disent autant sur nous en parlant d’eux.

Retranscrire les émotions d’une vie seul sur scène, un saxophone et une voix pour seuls traducteurs, apparaît donc être un pari réussi. On ressort de la Parcheminerie la tête pleine de souvenirs d’enfants qui refont surface dans la mare opaque de notre mémoire, avec l’envie d’en découvrir plus sur un monde auquel on n’avait jamais trop prêté attention…

Ce n’était ce matin-là qu’un aperçu d’à peine quarante-cinq minutes, mais il fit l’effet d’une bande d’annonce savoureuse, et nous laisse un étrange apaisement mélancolique sur le cœur… Il nous faudra cependant être encore un peu patient car P’tit Gus ne devrait être prêt à nous faire partager son univers qu’en décembre 2013. Une date à retenir !