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Mythos 2016

La salle d’attente pleine de rêves des Tindersticks

Pour introduire le groupe Tindersticks, la soirée de 20h30 commence par un duo improbable et déroutant. Thomas Belhom (compagnon de longue date des anglais) et son acolyte Cédric Thimon, deux multi-instrumentistes dévoilent une musique planante et très expérimentale à base de percussions, de cuivres, de guitare et de chants, tout ça en même temps grâce à la multiplication de loopers. Si le spectacle amène plusieurs spectateurs à sourire face à une mise en place digne d’un laboratoire et d’une musique lorgnant sur le Pink Floyd d’Ummaguma et la musique concrète où l’on ne sait pas trop si la perte d’une baguette de batterie lâchée au vol faisait ou non partie du spectacle, très vite cependant la beauté et la magie s’empare du cabaret et touchera tout ceux voulant bien l’accueillir (et sachant faire abstraction de la vision sur scène d’un homme de 47 ans tapant sur des casseroles).

Après avoir ensuite installé le matériel de Tindersticks, la scène reste vide alors que résonne la première chanson instrumentale du nouvel album des anglais « Follow me » transformant le cabaret botanique en véritable waiting room (du nom de l’album) pour les fans venus en nombre. Le groupe entre alors en scène pour interpréter le second morceau du disque « Second Chance Man » et la magie opère déjà. L’imposant chanteur, la rose à la boutonnière, pose son phrasé si particulier et sa voix feutrée venue d’ailleurs, toujours à la limite de l’irréel. Pendant tout le concert le chanteur gardera les yeux fermés pour interpréter les titres du groupe, se laissant emporter par la grâce des compositions et la beauté des arrangements.

Les morceaux, déjà très bons sur l’album, prennent véritablement une autre dimension dans ce lieu qui va si bien à la musique intime et onirique du groupe de Nottingham. Les lumières sont magnifiques et on a rarement vu scène si belle de mémoire de festivalier. Pendant une heure et demie, le cabaret devient le lieu d’une véritable messe pour un public admiratif bien heureux de pouvoir applaudir le groupe dans une salle à taille humaine avant d’aller les retrouver en tête d’affiche à La Route du Rock. « We are dreamers ! » scande le chanteur sur l’un des titres, cela représente parfaitement notre état ce soir, le concert se termine et reste l’impression d’être tout droit sorti d’un rêve, et même plus que ça, d’un rêve magnifique.

Paul Toudic
Visuel © Nico M (12-55)