Catégories
Mythos 2022

L’oasis Barbara Rivage

Un vent de fraîcheur souffle sous le Cabaret Botanique, une fraîcheur qui sent bon les années 80. Barbara Rivage, une chose : retenez leur nom !

Voulant continuer encore un peu cette première édition à Mythos, l’occasion de revoir Barbara Rivage était à ne pas manquer. Ce duo rennais a bien chauffé le chapiteau, joué ses chansons rock-pop planantes et gagné autant de nouveaux adeptes que de spectateurs.

Le duo rennais est venu enflammer le début de samedi soir pour l’avant dernière soirée d’une édition haute en couleur du festival Mythos. Barbara Rivage, c’est une chanteuse claviériste et un guitariste qui fredonne lui aussi. On les croirait tout droit revenus de Woodstock. Lui : chemise ouverte, pantalon mauve, lunettes orange et bob sur la tête, mais surtout une guitare, ou plutôt trois, qu’il échange pour mieux coller aux morceaux. Elle : queue de cheval volante, haut noir et pantalon vert pétant. Tous deux, ils dansent, sautent, prennent du plaisir, ça se ressent. Sans doute les premiers adeptes de leur musique, ils aiment ce qu’ils font, et il y a de quoi.

Le duo est un habitué du Magic Mirrors. Il y a un mois, on les retrouvait en première partie de la reine du disco Juliette Armanet sous le chapiteau du MeM. Le public n’était pas là pour eux, mais le défi fut relevé haut la main : le chapiteau était chaud !

Retour à Mythos, quel plaisir d’entendre au loin le bruit de la guitare, dès la rue, puis dans l’entrée du Thabor, se rapprocher petit à petit du chapiteau et entendre le son augmenter. Et, enfin, entrer dans ce chapiteau enchanté, commencer à se dandiner tout en s’approchant de la scène devant laquelle le public transpire déjà bien. Insomnie, c’est l’une des chansons de Barbara Rivage, c’est aussi ce qu’on va vivre ce samedi soir.

Mais pas besoin d’être au premier rang pour sentir l’énergie qui se dégage de la voix profonde de la chanteuse et des riffs de guitare déchaînés. Habitée, elle l’est cette chanteuse, elle bouge naturellement, enchaîne les levés de jambes et manie son micro comme une marionnette. Sa voix emporte, elle et son laisser aller évoquent les Rita Mitsouko ou même d’autres rennais : ceux de Niagara.

Ce groupe naissant tâtonne encore. Invités en leur nom, sous le grand Magic Mirrors, ils demandent l’indulgence du public avant de lui présenter deux nouveaux morceaux. L’indulgence, ils l’auront, et nous, le privilège heureux de recevoir quelque chose de précieux : l’impression d’assister au début de quelque chose qui a tout pour devenir grand. D’autres ont aussi foulé le parquet de Mythos à leurs débuts, on pense à Christine and the Queens ou Feu! Chatterton, tous deux en 2014. Intranquillité, c’est Christine and the Queens qui le chante, c’est Barbara Rivage qui nous la font vivre.

Intranquilles, ils le sont totalement, et c’est aussi dans leur tête que ça a l’air de se chambouler. Leurs chansons sont de véritables textes, de réelles poésies, de beaux mots, des oiseaux, des larmes, des yeux vertiges.

Convaincu dès le départ, j’ai maintenant envie d’en parler, de réécouter et de les revoir encore et encore.  » C’est chouette hein ! » lance Sandrine, dans l’organisation du festival, au sortir du chapiteau.

Ce concert fut une oasis, une île en forme de cœur, comme celui que la chanteuse dessine parfois avec ses mains, oasis qui durera encore un peu ce dimanche soir à Mythos (pas devant nos télés vu la morosité ambiante). Alors, on y va, et l’an prochain aussi, on sera là !

Ewen Dubée
Photo © Jean-Adrien Morandeau