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Mythos 2015

V comme… voyage

Voyage. Il faut déjà tout un voyage pour arriver au campement Dromesko à Saint-Jacques-de-la-Lande. Je sors du bus et suis les habitués et qui contrairement à moi savent où ils vont et se dirigent tout droit vers le lieu du spectacle.

Voilà, je suis au arrivé au campement. L’endroit est un peu étrange – mais quel lieu de Mythos ne l’est pas ? –, mais il me plaît tout de suite. Un vieux corps de ferme restauré, deux grands baraquements en bois et quelques caravanes aux allures hyper rétro – comme celles que l’on peut voir dans les vieux films américains. Le cadre est déjà propice au voyage, avant même que le spectacle n’ait commencé.

Vient l’heure. Une de nos trois conteuses monte sur une chaise et nous dévoile les instructions de la soirée : les parents sont priés de veiller sur leurs enfants durant tout le voyage, et les automobilistes sont invités à déposer leurs clefs de véhicule dans une jarre étanche, afin d’être sûr « qu’elles ne prennent pas l’eau ». Le public se regarde, l’air hagard, ne sachant trop s’il a affaire ici à du lard ou du cochon.

Voici venu le temps du spectacle. À peine rentré dans le baraquement, je suis immédiatement embarqué par l’extraordinaire énergie de nos trois conteuses. Aussi interloqué que mon voisin, je m’empare du sac de couchage que me jette l’une d’entre-elles, qui me confie au passage : « tu sais, en Bretagne, les nuits sont fraîches »… Au sein de cette cohue faite de duvets et de sacs de randonnées qu’empochent – de force – les festivaliers, une petite touche rousse apparaît : il s’agit de François Lavallée, qui a décidé de prendre part à l’aventure. « Une gourde par ici, une gourde par là » crie l’une des trois jeunes femmes.

« V comme voyage ! », nous scandent en cœur les conteuses. Débute alors le voyage extraordinaire. Pendant plus d’une heure et demie, nos trois baroudeuses intrépides nous entraînent dans leur univers, nous racontant leurs expériences loufoques et captivantes. Je rentre dans le bain immédiatement, et me prends au jeu hyper participatif et interactif qui nous est proposé. Mes 5 sens sont sollicités : je suis tour à tour amené à regarder un diaporama de photos de voyage, à serrer très fort dans mes bras l’une des conteuses ou bien encore à avaler un bol de soupe en compagnie d’autres spectateurs.

Voyage extraordinaire certes, mais aussi voyage critique. Car c’est que nos conteuses ultra dynamiques ne se contentent pas de faire les choses à moitié. Je suis ainsi non seulement baladé de la Turquie à la Réunion, en passant par l’A75 et un chalutier en haute mer, mais aussi amené à réfléchir sur plusieurs messages que tentent de nous faire passer Cécile et sa bande. Sort réservé aux migrants illégaux, réflexion sur les faux militants éthico-écolo mais surtout bobo, critique des conditions de travail des pêcheurs et des professions manuelles, les sujets abordés sont variés.

Véritablement, je ressors plein de nouveaux questionnements de ce voyage vraiment plus qu’extraordinaire. Mais je ressors aussi détendu, joyeux, le sourire aux lèvres, tant je me suis fendu la poire. Car on rit, oui on rit sans interruption ! S’il y a bien une chose dont nos trois acolytes sont expertes, c’est à coup sûr l’humour. J’espère vraiment pouvoir les retrouver avec joie lors d’un prochain opus de la saga Mythos.