Catégories
Mythos 2016

Cœur de Pirate revient au Cabaret Botanique avec « Roses »

On la surnomme « moineau ». « Je ne mange pas beaucoup et il ne faut pas trop me secouer » expliquait Béatrice Martin, alias Cœur de Pirate pour le magazine Elle à la sortie de son troisième album studio, Roses.  C’est pourtant forte, avec un spectacle plus mur et personnel que Béatrice Martin revient pour la troisième fois au Cabaret Botanique. Ses roses sont les siennes. Elle détache une à une les pétales de sa vie, tantôt heureuses, tantôt mélancoliques. « C’est comme un nouveau livre. […] Il y a eu un changement majeur qui est arrivé dans ma vie, heureux. Et ça m’a permis de comprendre plein de choses qui sont arrivées dans ma carrière et ça donné cet album ».

Les premières mélodies sont détonantes. Le synthétiseur hypnotisant, une guitare aérienne et des chœurs envoutants provoquent comme une réaction chimique. Les cheveux se dressent sur les têtes, et la dopamine monte au cerveau. Cœur de Pirate, de nature plutôt timide, prend fermement en main le micro, et capte l’attention du public avec une chorégraphie puissante signé Street Parade.

Les arrangements et la qualité sonore sont au rendez-vous. Il faut dire que Béatrice Martin s’est bien entourée. On retrouve Björn Yttling, le bassiste suédois du trio Peter Bjorn and John à la guitare et Robb Ellis, vieux complice de PJ Harvey à la batterie. Pourtant, ce recrutement de haut niveau n’a pas permis une adhésion totale du public. Car, si l’album « Roses » symbolise des événements importants pour Cœur de Pirate, et particulièrement la naissance de sa fille, on a eu parfois du mal à se saisir de ces émotions-ci (très probablement à cause de la barrière de la langue) et on finissait par regretter le temps des balades amoureuses et de ses personnages adorables.

D’ailleurs, les moments d’intimité avec le public du Maggic Mirror était bien plus forts. Les musiciens s’éclipsent et avec son piano et sa voix, Coeur de Pirate joue Francis et Comme des Enfants. Plus d’arrangements, juste du son brut. L’artifice s’estompe et le rideau se lève. Du pur bonheur.

Etienne Jubault
Visuel  © Estelle (18-55)