J’ai pris le parti de ne pas lire le synopsis de « Ligne de Mire » avant le spectacle pour n’avoir aucun préjugé sur la pièce, un simple titre, aucune attente précise. On voit très vite les influences du cinéma dans cette pièce, que ce soit au niveau de la thématique, du décor ou du personnage en lui même. Le personnage, un tueur à gage en costume trois pièces n’est pas sans nous rappeler les héros de films d’action: soignée à l’extérieure mais dénué de toute forme de sensibilité à l’intérieur.
Cependant, à l’image des films de Chabrol, le personnage, Alex, est décortiqué, on accède à ses pensés et sentiments les plus profonds. Derrière cette froideur apparente, se cache un homme torturé et fragile qui mène une relation fusionnelle avec son arme. Arme qui est présente quasiment tout au long de la pièce, et qui fonctionne comme un personnage à part entière. Alex communique avec elle, il la caresse, l’enlace; et, pointée en direction du public elle donne l’impression de fixer, de scruter les spectateurs. Tout comme ses chaussures qui sont également posées face au public durant la plus grande partie de la pièce.
Alex ne vit plus dans la société, il est dans un autre monde. Il se parle parle à lui même à travers des discussions fantasmées avec son arme. Les personnes qu’il abat ne sont plus des hommes ou des femmes mais des cibles. C’est un personnage névrosé qui ne cesse de légitimé ce qu’il fait en tentant de prouver une pseudo éthique: il ne tue pas à moins de cinq mètres, il n’abat pas dans le dos et exige une lettre de motivation de la part de la personne qui a besoin de ses services. Il est maniaque, il calcule tout ce qu’il fait et interprète tout ce que les autres font. C’est un personnage sombre et complexe qui ne laisse pas indifférent. En témoigne le long silence qui a suivi son suicide.
Le spectacle en lui même ne laisse pas indifférent, je suis allée interroger quelques personnes à la sortie, et les avis sont plutôt partagés. Une majorité est restée assez dubitative, ne sachant pas trop quoi penser, ne voyant pas tellement où Achille Grimaud voulait en venir lorsqu’il a monté cette pièce. La plupart ont salué la performance de l’acteur, et ont considéré que la mise en scène servait très bien le jeu d’acteur et permettait d’ajouter un distance et une froideur supplémentaire par rapport au personnage notamment avec l’utilisation d’un micro. J’ai également entendu plusieurs personnes qui malgré qu’elles aient aimé la pièce ont ressenti un certain malaise par le fait d’avoir une arme de guerre en permanence pointée vers elles. Les avis étaient donc mitigés à la sortie de la salle, mais positif dans l’ensemble.
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce spectacle, bien que je fasse parti ceux qui avait une légère boule au ventre durant la pièce. Je trouve que c’est une proposition originale, pleine de surprises et de rebondissements!